Info sur le jeu
Plateforme
  • PC Windows
  • PlayStation 4
  • Xbox One
ÉditeurUbisoft
DéveloppeurUbisoft Montréal
Date de sortie13 novembre 2014

Assassin's Creed : Unity

Le_Moine
26 novembre
2014

Assassin's Creed... en 7 ans, la série a su devenir l'une des plus populaires dans le monde du jeu vidéo ! Depuis 2009, la saga d'Ubisoft est devenue annuelle, à l'instar de Call of Duty, FIFA, ou encore Need For Speed (enfin pas cette année, année des 20 ans de la série).

Pour ce nouvel opus, Ubisoft a décidé de proposer un jeu 100% nextgen qui a demandé plus de 3 ans de travail, et des milliers de petites mains. Le résultat ? Assassin's Creed : Unity, un jeu se déroulant en pleine révolution française. Maintenant il convient de savoir si ce énième épisode est une révolution populaire ou un coup d'état sur new gen.

Unity ?

Unité, drôle de sous-titre pour une période où la population s'est désolidarisée de son pouvoir monarchique pour le renverser, puis pour sombrer dans le chaos avant de laisser la place, 10 ans plus tard, à un empereur. Même remarque, vis-à-vis du scénario du jeu. On y incarne un jeune bourgeois français, Arno Dorian qui rejoint les assassins dans le seul but de se venger et qui doit faire face à un complot interne alors que l'affrontement entre Templiers et Assassins marquait une bien fragile trêve. Un scénario assez classique, où en plus la relation amoureuse entre le héros et la belle Elise est une des bases des missions qui sont proposées aux joueurs. C'est bien dans ce couple, à la Roméo & Juliette, qu'on y trouve l'unité promise par le titre.

En effet, Arno est un assassin et Elise l'héritière d'un des grands templiers de Paris. Le jeu du chat et de la souris entre les deux amoureux va durer pendant les 12-15 heures (en ligne droite) qu'offre cet Assassin's Creed Unity. Une aventure très prenante malgré son manque d'originalité, et le manque de développement des personnages. Elise disparaît et revient sur le devant de la scène tel le lapin d'un magicien, sans que le jeu n'explique trop pourquoi. Pas grave, ce Unity se déguste comme un long métrage et on est véritablement absorbé par l'aventure que les développeurs nous proposent cette année.

De ce point de vue là, Assassin's Creed Unity est le meilleur AC depuis le II ! On retrouve même un petit côté Ezio Auditore dans Arno Dorian, même si ce dernier n'est pas aussi charismatique et mémorable. Mais c'est déjà largement mieux que Connor dans AC III. Un vrai plaisir à jouer donc, et une aventure plaisante et prenante.

Cette aventure est ponctuée d'entractes qui sont des « failles temporelles ». Vraiment sympathiques ces failles n'apportent, cependant, strictement rien au jeu et à l'histoire. On en vient à se demander pourquoi elles sont ici. Peut-être pour prouver qu'AC reste encore dans cette idée de « voyage intellectuel dans le passé ». De même, on peut se demander à quoi sert la dernière séquence, longue, mal menée et bâclée. Si le développement de l'histoire prend de longues heures, la fin arrive de manière abrupte. Néanmoins, cela n'enlève rien à l'aspect prenant de l'aventure d'AC Unity. Preuve que même avec une histoire classique (un affrontement entre deux clans) on peut faire quelque chose de savoureux.

Cet affrontement trouve sa place alors que la Révolution française fait rage. Le jeu nous fera vivre la Révolution de 1789 à 1793. Mais, autant vous prévenir, cet épisode marquant de l'Histoire de France n'est qu'une toile de fond à l'affrontement Assassins/Templiers qui est le fil rouge de la série depuis 2007. Si dans Assassin's Creed II ou Assassin's Creed Black Flag, on avait pu trouver un bon dosage entre événements historiques et histoire fictive, ici on ne peut pas dire que ce soit un cours d'Histoire vidéoludique. De quoi remettre les pendules à l'heure, Assassin's Creed n'est pas un jeu purement historique mais une saga fictive prenant place dans des événements majeurs de l'humanité sans non plus les retranscrire de manière rigoureuse.

Les historiens et amoureux de la Révolution française risquent d'ailleurs d'avoir de l'urticaire face à cet Assassin's Creed : Unity. Comme pour ACIII, qui avait offusqué certains américains par rapport à la représentation de la Révolution américaine qui y était faite, les erreurs et les réinterprétations sont nombreuses. Elles sont ici plus visibles, car elles nous touchent plus que d'habitude. En effet, la France est au cœur du jeu. Si on assistera au Serment du Jeu de paume, la prise de la Bastille ou encore la fête de la Fédération et l'exécution de Louis XVI. Un bon nombre d'événements et de personnages sont absents du jeu ou à peine traités. D'ailleurs, il faudra cliquer sur la touche menu pour en apprendre plus sur les événements que l'on voit à l'écran. L’exécution de Louis XVI étant le simple théâtre d'une mission, et on ne ressent pas vraiment l'importance du moment... c'est quand même le roi que l'on décapite !! Napoléon est dans le jeu, mais y figure de manière cinématographique. Son entrée en scène à la fin du jeu est digne d'un film d'action américain ! Bref, on ne peut qu'être déçus du traitement porté à cette période historique alors que l'on attendait beaucoup (peut-être trop) de ce Unity. Une façon de se rappeler qu'Assassin's Creed est avant tout une aventure fictive sur fond d'Histoire, un peu à la manière d'Inglorious Basterds.

Test d'Assassin's Creed Unity  Test d'Assassin's Creed UnityLes soirées de l'époque, c'était quelque chose ! - Notre Dame, toujours aussi imposante même dans un jeu vidéo

And I want my scalps !

La meilleure réalisation historique dans Unity réside dans la modélisation des bâtiments. On y retrouve les plus grands monuments de l'époque. De Notre Dame de Paris à Versailles en passant par la Mairie de Paris, le Temple, la Sorbonne, la Bastille (certes encore debout en 1791 dans le jeu.) etc... Un résultat magnifique. Une véritable balade visuelle dans l'Histoire. Le travail des développeurs est fabuleux. Rien que pour ça, cet Assassin's Creed : Unity vaut le coup. S'il y a quelques anachronismes (plaques de rues alors qu'elles sont apparues en 1847, certains bâtiments encore debout... ) on ne peut qu'être admiratif du résultat. Un véritable travail d'architecte a été fait. Assassin's Creed : Patrimoine aurait pu être le nom du jeu, et Stéphane Bern pourrait l'utiliser pour ses Secrets d'Histoire tant la modélisation et la réalisation est de haute volée ! Les intérieurs sont éblouissants et criants de réalisme. Impressionnant.

On sent bien le passage à la next/new gen. Si Black Flag était déjà très beau sur Playstation 4, Xbox One et PC, Unity franchit un cap. Néanmoins, tout n'est pas magnifique dans ce jeu. Certaines textures sont fades et datées, et le copier/coller des bâtiments « normaux » n'a jamais été aussi flagrant. Si les différences entre quartiers sont visibles, elles ne sont pas non plus très frappantes. Mais il faut bien avouer que la réalisation de ce nouvel Assassin's Creed est de haute facture.

Ce n'est pas forcément le cas pour la réalisation technique du jeu. Les « hot topics » et les vidéos de bugs sont déjà légion sur internet. Si l'on sait que les open worlds sont plus à même de rencontrer des soucis techniques, il faut cependant avouer qu'Unity déçoit de ce point de vue là. Et pourtant, nous avons pu jouer à une version patchée ! Si les très gros bugs sont corrigés, il reste encore pas mal d'imperfections techniques. On commencera par ses nombreuses chutes de framerate quand la population est très dense. Ubisoft se targuait de pouvoir afficher le plus grand nombre de PNJ jamais vu dans un jeu vidéo, le problème c'est qu'à certains moments/endroits, ça rame. Ainsi, en allant à Notre Dame vous sentirez tout de suite la différence. De même, lors d'une course, votre rythme sera ralenti dès que vous traverserez une foule importante. Assassin's Creed retrouve également ses bugs habituels : Ennemis qui disparaissent/sont coincés dans les décors, bugs de collision en tout genre, l'épée du héros qui fibre et fait du bruit quand on la rengaine et que l'on veut tout de suite fouiller un corps après, etc etc. Un grand nombre de textures ont aussi du mal à s'afficher ou se mettent à clignoter pour d'obscures raisons techniques.

L'IA n'est pas au mieux non plus. La faute à des ennemis sourds mais avec une vue d'aigle, des pnj qui ne réagissent absolument pas naturellement ou qui bloquent l'action (big dédicace à cette furie bloquée de longues minutes dans une pauvre fille de joie qui ne pensait qu'à montrer du doigt Arno venant de tuer un ennemi). C'est vraiment dommageable, surtout après tant d'années de développement. Peut-être est-ce le revers de la médaille de vouloir sortir un opus par an..

On notera également que les chargements sont très longs ! Si on comprend aisément le nombre de données à charger, il est étonnant de voir un écran noir de chargement aussi longtemps. Surtout sur newgen où l'installation est de 53GB environ ! Un gros point noir à nuancer par l'absence de chargements une fois dans le jeu, même lorsque l'on passe d'un extérieur à un intérieur.

La version PC n'aidera pas à plaidoyer la cause d'Assassin's Creed : Unity. Outre une configuration minimale recommandée ubuesque, sponsorisée par la NASA et les fabricants de cartes graphiques, on retrouve les mêmes impuretés techniques que sur les versions consoles. De plus, Ubisoft Kiev (responsable des portages PC des AAA d'Ubisoft) n'a pas su aussi bien optimiser Assassin's Creed Unity sur PC que l'est Far Cry 4, pourtant sortis à une semaine d'intervalle et étant tous les deux en open world...

Assassin's Creed II avait été une révolution dans la saga, car le jeu avait su apporter un renouveau dans le gameplay. Depuis, rien n'a vraiment changé même si Assassin's Creed III a apporté son lot d'améliorations. Et la Révolution française ne sera pas une révolution de jouabilité pour la série d'Ubisoft. On retrouve exactement le même gameplay, la même façon de jouer. Nonobstant, il convient de souligner la fluidification des combats. Ces derniers sont désormais beaucoup plus dynamiques, fluides et intéressants à jouer. Un véritable plus. Les développeurs ont trouvé la bonne recette ! L'infiltration est également simplifiée et plus intuitive. On retrouve les éléments des TPS actuels (Uncharted par exemple) et le résultat est très convaincant. Du beau boulot en somme.

Du côté du free running, Ubisoft a aussi voulu encore améliorer le tout. Leur but était alors de rendre ça encore plus facile à prendre en mains, plus automatique. Le pari est réussi, mais il apporte quelques lourdeurs et les trois commandements d'ACUnity : Où il ira, votre personnage décidera. Rester bloqué en descente, il pourra. Trop d'automatismes, il aura. Tout ça pour dire, que parfois on a pas totalement le contrôle des actions d'Arno, et cela peut-être gênant lors des phases de combats ou votre personnage refusera de descendre faute de chemin bien tracé, ou agrippera à un autre mur au lieu de simplement sauter par dessus un objet. Dommage.

Enfin, Ubisoft a décidé de booster la personnalisation des personnages tout en y incorporant une influence sur la réussite des missions. Chaque arme, pièce de la tenue, possède une note (sur 5 étoiles). Plus elle est élevée, meilleure elle sera. Le but étant d'avoir un équipement à la hauteur de la difficulté des missions (elle aussi notée sur 5 étoiles). Une bonne idée, un peu contrariée par l'introduction d'éléments uniquement déblocables en multijoueurs (coopération) ou par le biais des applications Assassin's Creed Initiates lancées pour l'occasion. Un choix regrettable, tout comme l'introduction d'une seconde monnaie, assez rare, qui est une récompense de mission... mais qui peut s'acheter avec votre vraie monnaie. Des micro-paiements en somme.

Cependant, on ressent une véritable progression dans cet Assassin's Creed. Un véritable plus au petit goût rétro qui est très appréciable. Des compétences sont également déblocables, et seront utiles pour mener à bien toutes les quêtes annexes (très nombreuses) et pour trouver tous les items sur la carte. Cette dernière étant très chargée, à l'image de ce qui nous attend en plus de la trame principale. De quoi, facilement mener à 50-55 heures de jeu pour apercevoir le 100%.

Test d'Assassin's Creed Unity  Test d'Assassin's Creed Unity"Une seule solution, la manifestation !" - L'exploration, un véritable régal pour les yeux

Elise et moi

Assassin's Creed : Unity possède une réalisation graphique de qualité, mais aussi une réalisation sonore de bonne facture. Entièrement doublé en français, le jeu offre une ambiance sonore prenante et bien travaillée. Le doublage, français, est réalisé par des professionnels et confirmés. Les discours sont néanmoins plutôt modernes et ne respectent pas forcément le Français de l'époque. On le remarque très fortement lors des scènes où de vrais discours (comme celui du Serment du Jeu de Paume ou celui de Louis XVI lors de son exécution). Un exemple de plus qui prouve qu'Assassin's Creed ne se veut pas œuvre historique mais bien fiction basée sur un contexte historique réel. La bande son est en parfaite adéquation avec l'univers du jeu, et les scènes, des musiques agréables et travaillées mais qui ne marqueront pas non plus les esprits. Du côté des bruitages, le jeu continue sur sa bonne lancée et offre une réalisation de qualité, hors bugs sonores bien entendu.

Pour terminer, arrêtons nous sur le mode coopération de cet Assassin's Creed Unity. À la place d'un mode multi compétitif, nous avons le droit à du coop (jusqu'à 4 joueurs) en privé (avec des joueurs amis) ou en public (avec des joueurs du monde entier). Le résultat est de qualité, même si on ne voit pas forcément l'intérêt. En effet, cela n'apporte rien de plus au jeu, juste des missions supplémentaires et une augmentation de la durée de vie du soft. Rien de bien transcendant malheureusement. Si encore certaines missions avec Elise étaient jouables à deux, mais pas du tout ! On ne trouvera même pas de personnages féminins dans le coop d'Assassin's Creed : Unity. Et les failles ne sont pas jouables en coopération, non plus. Enfin, pas d'écran scindé sur la même console... une fois de plus.

Au final, que retenir de cet Assassin's Creed : Unity ? Que le résultat n'est pas forcément à la hauteur des espérances. L'histoire fictive du jeu prenant clairement le pas sur l'Histoire réelle. La réécriture de celle-ci et sa transparence sont même assez frustrantes. C'est vraiment dommage, d'autant plus que l'aventure est très prenante et que le plaisir de jeu est le meilleur depuis Assassin's Creed II. Les missions sont plus variées que dans AC IV : Black Flag et la carte « à taille humaine » ôte les allers-retours bien lourds que l'on avait dans les précédents opus. Mais alors, pourquoi une note inférieure à Black Flag ? La faute à une réalisation technique trop perfectible, une histoire qui manque d'originalité et un contenu historique un peu trop mis de côté. C'est bien dommage, car sans ces 3 points noirs (encore que la technique on pourrait comprendre) Assassin's Creed : Unity aurait pu être le meilleur de la série et le GOTY de l'année 2014. Néanmoins, l'aventure reste très appréciable et le boulot effectué par Ubisoft est impressionnant (surtout sur la modélisation des bâtiments d'époque). Un premier opus 100% new gen de bonne facture, en somme.

7.5
Assassin's Creed : Unity

Assassin's Creed Unity est donc une bonne surprise, en s'imposant comme l'un des AC les plus plaisants à jouer. Néanmoins, il déçoit par la faible exploitation de son contenu historique pourtant très riche et très attendu. De plus, sa réalisation technique laisse quelque peu à désirer, et nécessite pas mal de mises à jour post-sorties pour s'améliorer. Si ses défauts l'empêchent d'être meilleur que Black Flag, il n'en demeure pas moins un bon jeu qui propose un sublime voyage dans le temps à Paris, grâce à une superbe réalisation graphique.
Intérêt historique :
  • +Modélisation des bâtiments célèbres de Paris
  • +Aventure prenante et plaisante
  • +Bonne durée de vie
  • +De nombreuses quêtes annexes
  • +Combats plus intuitifs
  • -Techniquement moyen
  • -L'Histoire au second plan
  • -Scénario pas très original

  • Le_Moine Fan de Rallye et des brunes, Ancien membre d'HistoriaGames
  • « La fin de l’espoir est le commencement de la mort. » De Gaulle
    « If in Doubt, flatout. » Colin McRae