Info sur le jeu
Plateforme
  • PC Windows
  • Mac OS X
ÉditeurParadox Interactive
DéveloppeurParadox Development Studio
Date de sortieMars 2011

Europa Universalis III Chronicles

Zglub
Thématique
9 février
2013

Paru en 2007, Europa Universalis III a, par la suite, fait l'objet de quatre extensions : In Nomine, Napoleon's Ambition, Heir To The Throne et Divine Wind. L'ensemble se retrouve maintenant regroupé sous le titre d'Europa Universalis III : Chronicles.

Jeu de grande stratégie, le titre vous propose donc de prendre en main le destin d'une nation, parmi presque 300 disponibles, sur une période qui s'étend d'octobre 1399 à 1820, ni plus, ni moins.

Chaque nation est ainsi composée de provinces, que le joueur pourra faire évoluer à sa guise (et en fonction des moyens et technologies dont il dispose).

Une nation, des Histoires...

Une fois la nation et la date de départ choisies, le joueur incarnera le dirigeant correspondant à la réalité historique du pays, dans le contexte géopolitique de l'époque. On serait même tenté de dire qu'il s'agit là d'un des seuls éléments historiques au sens strict. En effet, si les événements marquants de l'époque sont intégrés, ils n'apparaîtront pas forcément à la date à laquelle ils sont apparus dans la réalité, mais plutôt lorsque l'ensemble des conditions requises pour leur apparition seront réalisées.

Des événements feront également leur apparition de façon tout à fait aléatoire, permettant au joueur de ne pratiquement jamais disputer la même partie, peu importe la nation choisie. Autant dire que la durée de vie du jeu est quasiment infinie.

Le joueur n'est donc pas amené à revivre l'Histoire telle que nous la connaissons, mais à la réécrire, en fonction des événements de sa partie, et de sa façon de jouer.

Parlons maintenant des mécanismes du jeu.

Europa Universalis III Chronicles

Le chef, c'est moi, na !

Le joueur se retrouve donc à la tête d'un état, avec pour objectif final de le faire prospérer et devenir la plus grande puissance mondiale de l'époque. Pour ce faire, il faudra intervenir sur différents domaines, subtilement interconnectés, et présentés sous forme de panneaux que le joueur pourra faire apparaître quand bon lui semble.

Tout d'abord, et pour l'aider dans sa tâche, le souverain pourra recruter des conseillers (3 au maximum). Ces personnages apporteront des bonus dans des domaines aussi variés que le commerce, l'espionnage, la religion, la culture... Toutefois, engager ces conseillers a un coût (somme à verser à l'engagement et rente mensuelle). Malheureusement, personne n'est éternel, et le joueur devra être attentif à l'ancienneté du conseiller, surtout si son coût est élevé, si il ne veut pas que son investissement disparaisse en même temps que l'illustre personnage.

Qui dit coût, dit argent, et donc budget. L'écran qui y est consacré reprend, d'une part, ce qui va consister dans les moyens mis à la disposition du joueur pour arriver à ses fins. Ainsi, nous pourrons suivre les recette de la nation (impôts, produits du commerce, droits de douane, or), mais également les dépenses (recherches technologiques, rentes des conseillers, intérêts des emprunts, frais d'entretien de l'armée...). Le joueur pourra ensuite utiliser les recettes pour effectuer des recherches dans différents domaines : gouvernement, commerce, production,...

Chaque niveau de technologie atteint apporte son lot de bonus et de bâtiments que le joueur pourra choisir de construire dans les provinces qu'il possède. Ainsi, il sera possible, dès que le niveau 4 de gouvernement sera atteint, de construire des églises dans les provinces, à condition de disposer des fonds suffisant et du nombre requis de magistrats (personnages spéciaux nécessaire à la construction des bâtiments).

La religion est également un élément important du jeu. En effet, chaque pays a sa religion d'état, mais chaque province a également une religion dominante, qui peut différer de la religion d'état. Si certaines religions sont tolérées au sein du même pays (surtout si elles ont des « bases » communes, comme les religions chrétiennes, par exemple), d'autres ne seront pas du tout admises, ce qui risque d'entraîner des révoltes locales, qu'il faudra rapidement mater avec une armée sous peine, à plus ou moins long terme, de ne plus bénéficier des revenus de la province rebelle. Et qui dit moins de recette, dit moins de moyens pour la recherche, donc progression plus lente... Le panneau dédié à la religion permet aussi au joueur d'adopter des « édits », sortes de lois, dans le but de renforcer la religion d'état ou d'être plus tolérant vis-à-vis des autres religions.

Le panneau des armées permet, oh surprise, de recruter les différentes armées terrestres (infanterie, cavalerie et plus tard artillerie) et navales (navires de combat, de transport...). Vous pourrez également définir le pourcentage de frais d'entretien des troupes réellement dépensés. En effet, les troupes nécessitent tous les mois une certaine somme d'argent pour maintenir leur niveau d'effectivité au maximum. Le joueur peut décider de n'allouer qu'une partie de cette somme à l'entretien, avec le risque toutefois d'une baisse de moral des unités. A éviter lorsque qu'une guerre se prépare, donc...Signalons également que les armées n'ont pas de commandant à la base. Il faudra donc, moyennant finances, recruter un général ou un amiral, pour commander les troupes. Chaque chef recruté procure un bonus (offensif, défensif, de manoeuvre...) à l'armée qu'il commande. Les troupes peuvent être déplacées sur la carte, et les batailles sont simulées suivant le principe du jet de dés, modifiés par les bonus des commandants (si il y en a), le terrain, et quelques autres. Lorsque le moral d'une armée chute suffisamment, elle quitte la bataille et se replie vers une autre province. Le vainqueur peut alors la poursuivre ou, si il se trouve dans une province ennemie, assiéger la capitale de la province dans le but de la conquérir. L'aspect « wargame » est ici réduit à sa plus simple expression, mais le jeu est d'une telle richesse que nous pouvons pardonner le rendu minimaliste des batailles.

Et comment une guerre éclatait-elle à cette époque ? Par une déclaration de guerre, pardi ! Qui s'effectue via le panneau diplomatie de l'interface. Vous aurez ainsi à votre disposition une liste d'action que pourront mener vos diplomates (autres personnages spéciaux, comme les magistrats). Si vous êtes libre, en principe, de déclarer la guerre à qui vous voulez, il conviendra d'avoir une bonne raison de le faire. Bref, d'avoir contre le pays cible un « casus belli », c'est-à-dire un motif pour envoyer vos hommes guerroyer contre ce pays. Les plus vicieux choisiront d'adresser une lettre d'insulte à un pays, qui à ce moment-là, pourra vous déclarer la guerre, et passera pour le méchant de service. Libre à vous d'appeler vos alliés à la cause, et en profiter pour joyeusement pousser la guerre au coeur du territoire ennemi, et réclamer une (voire plus) province, à titre de dédommagement, une fois que la paix sera négociée... Du mariage royal en passant par la vente de provinces, vous pourrez augmenter ou diminuer la valeur des relations entre votre état et n'importe lequel des états présents dans le jeu. Chacune des ces actions « consommera » un diplomate. La vitesse avec laquelle vous pouvez récupérer un diplomate dépend d'un ensemble de paramètre, et vu que vous ne pouvez disposer que de 5 diplomates maximum au même moment, il vous faudra les utiliser à bon escient, si vous ne voulez pas vous retrouver dans l'impossibilité, faute de diplomates, de proposer de conclure une alliance avec un puissant voisin alors qu'un autre pays a envoyé ses troupes à vos frontières... Signalons également, au niveau de la diplomatie, la possibilité, du moins pour les nations européennes, de pouvoir réaliser certaines actions avec le Saint-Empire Romain Germanique, et le Saint-Siège.

Le commerce est également représenté dans le jeu. Chacune de vos province fournit un produit, qu'il vous faudra vendre dans un centre de commerce, qui peut se trouver également dans une de vos provinces ou à l'étranger. Pour pouvoir vendre ces marchandises, il vous faudra envoyer un marchand vers ces centres de commerce. Le nombre de marchands à votre disposition étant limité, vous devrez décider de façon judicieuse où les envoyer, sachant également qu'il n'est pas certain que le marchand réussisse à s'établir dans le centre, et donc vous procure des revenus...Vous pourrez cependant vous faciliter la tâche en rejoignant une ligue commerciale, sorte de cartel dans lequel les membres ne se font pas concurrence, et donc un de vos marchands ne risque pas d'être éjecté d'un centre de commerce par un marchand d'un autre membre de la même ligue commerciale. Vous pourrez aussi imposer un embargo envers les marchands d'un pays déterminé : ceux-ci ne pourront vendre leurs marchandises dans vos centres de commerce. La contrepartie est que le pays victime de l'embargo risque de ne pas apprécier, voire qu'il obtienne un « casus belli » envers vous...

Enfin, les derniers panneaux concernent la culture de votre nation. Vous pourrez ainsi choisir des valeurs nationales, c'est-à-dire les grandes orientations que prendra votre nation : développement de la puissance terrestre, de la religion, exploration... Car si au début du jeu, les principales nations de l'époque sont visibles sur la carte, une grande partie du monde est recouverte d'un « brouillard », qui ne pourra être levé qu'en y envoyant des explorateurs et des conquistadors. Vous pourrez ainsi découvrir de nouveaux territoires, les coloniser, faire du commerce avec leurs ressources...Vous pourrez aussi inviter un personnage illustre, dans le but, peut-être, de lui proposer un poste de conseiller.

Europa Universalis III Chronicles

Un jeu triple C (complet, complexe, chronophage)

Comme vous l'aurez aisément compris, le joueur pourra influencer pratiquement tous les aspects de sa nation. Mais cela à un prix. En effet, le tutoriel du jeu ne vous apprendra que le strict minimum. La lecture du manuel (plus ou moins 140 pages) est donc conseillé. Sachez toutefois que pour chaque valeur reprise dans le jeu, une infobulle est disponible. Il vous suffit de laisser le pointeur de la souris quelques secondes sur la valeur, et une explication apparaît vous indiquant les facteurs positifs et négatifs qui font que, par exemple, vous perdez de l'argent de façon vertigineuse, alors que vous êtes une des plus importantes nations commerciales...

Car c'est un élément qui peut rebuter le néophyte : il n'y a pratiquement aucun moyen d'agir sur la carte du jeu (à part pour déplacer ses armées). Tout se fait par l'intermédiaires des différents panneaux de l'interface, et généralement après avoir consulté le « grand livre », sorte d'encyclopédie que reprend toutes les données concernant toutes les nations du jeu (troupes disponibles, produits fournis, revenus,...). Chaque action est donc le fruit d'une mûre réflexion.

Si je peux me permettre cette comparaison, je dirais qu'Europa Universalis III : Chronicles (et les jeux similaires de Paradox Interactive, en général) est à la grande stratégie ce que Football Manager est à la gestion : un jeu aux graphismes agréables, sans plus, mais contenant une multitude de détails dont il faut tenir compte à chaque action que l'on envisage. Mais le vrai amateur de stratégie passera aisément outre ce défaut mineur.

Autre défaut, un peu moins mineur cette fois, est une traduction incomplète du jeu en français. Même si un petit patch non-officiel permet de combler ces lacunes, certains éléments restent encore en anglais. Sans ce patch, certaines informations étaient même en allemand...

Enfin, et même si ce n'est pas un défaut à proprement parler, ce jeu, pour peu que l'on s'investisse, colle le joueur devant son écran pendant de longues heures, sans que l'on ne s'en rende compte. Même si il est possible d'accélérer l'écoulement du temps (voire de mettre en pause), on a toujours envie d'attendre quelques minutes pour voir si, par exemple, nos troupes vont finir par prendre telle province, si notre proposition d'alliance ou de mariage royal sera acceptée, si notre marchand va réussir à s'établir dans un centre de commerce florissant...Et les cinq minutes supplémentaires que l'on s'était donné avant de quitter sont en réalité devenues 60 minutes, ou plus...

Même si la réalité historique ne se trouve qu'au début de chaque partie, et que c'est au joueur qu'il appartient de faire coller la suite de son aventure à cette réalité, les événements qui interviennent au fil du jeu restent cohérent par rapport à la situation dans laquelle se trouve le joueur (ou les autres pays, c'est selon). Donc, je mettrais, pour l'approche historique du jeu, la note de 4,5/5. Si les développeurs avaient insisté sur l'aspect tactique des batailles, la note aurait été maximale.

Europa Universalis III Chronicles
8.0
Europa Universalis III Chronicles

Europa Universalis III Chronicles est un très bon jeu, et pour peu que le joueur s'investisse un petit peu, il pourra revivre une période de l'Histoire, ou la réécrire, en utilisant des mécanismes simples mais complets, avec des graphismes agréables, et une bande son favorisant l'immersion. Des grandes découvertes territoriales, à la fin de l'époque napoléonienne, les passionnés auront de longues heures de jeu devant eux.
Intérêt historique :
  • +Privilégie la réflexion à l'action (ce n'est pas le plus rapide ni le plus fort qui va forcément gagner)
  • +Possibilité d'agir sur tous les aspects du pays
  • +Bande son agréable
  • +Durée de vie infinie
  • -Pas de tutoriel digne de ce nom
  • -Traduction incomplète

  • Zglub Le Wargamer belge, Ancien membre d'HistoriaGames
  • "La guerre! C'est une chose trop grave pour la confier à des militaires." G. Clémenceau