Battlefield 1 : Nos impressions après la journée presse

20 septembre 2016 par Zog | Battlefield | Première guerre mondiale | PC - PlayStation 4 - Xbox One

Le mercredi 7 septembre 2016, EA a organisé à Paris une journée test de Battlefield 1 réservée à la presse. Zog a eu la chance de s’y rendre et il a pu se faire la main sur une version Xbox One du jeu. Autrement dit, un vrai sacrilège pour tout bon joueur de FPS qui se respecte. Toutefois, la présence de Julien Wera, « Product Strategy Director » de chez DICE et la possibilité d’obtenir une interview de sa part ont constitué une rencontre des plus intéressantes. Retour sur cette journée et sur nos impressions.

Battlefield 1 : Nos impressions après la journée presse

9h30, Citée de la Roquette. Dans une petite cour parisienne, sous un joli ciel bleu, une grille s’ouvre.

C’est dans ce charmant endroit qu’EA a organisé une journée afin de permettre à la presse de venir tester le prochain Battlefield.

Après un accueil chaleureux, il est offert aux journalistes la possibilité de tester des versions Xbox One de la Béta du jeu. Un joueur d’E-Sport est également présent pour faire une démonstration sur PC.

Malgré tout, un certain sentiment de malaise flotte dans l’air depuis que EA a annoncé que les troupes françaises ne feraient leur arrivée en multijoueur que 6 mois après la sortie du jeu qui aura lieu le 21 octobre de cette année 2016.

Alors qu’HistoriaGames a demandé à s’entretenir avec Julien Wera de chez DICE, présent sur place pour répondre aux questions, un cadre de la société ne peut s’empêcher de nous briefer dès lors qu’il apprend que nos questions tourneront davantage sur l’aspect historique du jeu. Ainsi, nous sommes mis en garde et prévenus que la Première Guerre mondiale a constitué une inspiration pour le studio, mais qu’elle n’est pas respectée à la lettre. Sans rien avoir demandé, les arguments s’enchainent afin de justifier des choix faits par EA, comme si au fond, le studio savait qu’il allait avoir à se justifier en permanence auprès du public français.

Battlefield 1 : Nos impressions après la journée presse

Même son de cloche chez le principal intéressé, Julien Wera, qui, d’entrée de jeu, assume sans complexe certaines libertés prises vis-à-vis de l’authenticité historique. Il rappelle, à fort juste titre d’ailleurs, qu’EA et DICE n’ont aucune vocation pédagogique, ni l’ambition de raconter l’Histoire. Pour lui, ce Battlefield est l’un des plus ambitieux et il constitue un grand défi car il a été désiré de longue date. Toujours selon Wera, l’ambition de ce Battlefield est de dépasser la conception lente et ennuyeuse que se fait en général le grand public de la Grande Guerre. Il y a une volonté de créer une vision moderne de la Première Guerre mondiale.

Ainsi, la Première Guerre mondiale constitue une opportunité, une toile de fond, que DICE va exploiter en vue de réaliser le meilleur jeu possible. « La priorité, c’est de faire un bon jeu. La dimension historique ne vient qu’ensuite » assure l’intéressé. Dans l’ordre des priorités, le jeu doit être agréable à jouer avant tout et répondre aux codes afin d’être vendu en masse comme se doit de l’être un jeu de la licence des Battlefield.

Wera poursuit en rappelant qu’il s’agit « d’un Battlefield avant d’être un jeu sur la Première Guerre mondiale ». Le problème vient alors sans doute de là. Une intense communication marketing nous suggère qu’il s’agit bel et bien d’un jeu sur la Première Guerre mondiale. Or, il n’en est rien. Les fans d’Histoire seront sans doute déçus par l’ambiguïté et par les espoirs fous suscités par cette campagne médiatique, mais DICE est déterminé à ne pas changer son fusil d’épaule.

Battlefield 1 : Nos impressions après la journée presse

Battlefield reste Battlefield, et c’est de très loin un fantastique divertissement avant d’être un jeu historique. Ainsi, si certaines personnes ne s’y retrouvent pas et sont déçues, tant pis pour elle, DICE y survivra.

Tout n’est cependant pas à jeter puisque Julien Wera nous a confirmé la présence des Français dans la campagne solo malgré l’absence d’un protagoniste jouable chez les poilus. Réduit au rôle de figurants en solo, nous serons toutefois présents. De là à voir le verre à moitié plein, il y a tout un monde...

Par ailleurs, DICE nous rassure également un minimum en annonçant la création « ingame » d’un « Codex » similaire à celui des Assassins Creed et qui reviendra plus en détails sur la véracité des évènements historiques représentés. Un moindre mal qui donnera aux joueurs curieux la possibilité d’en apprendre davantage que ce que le jeu veut bien montrer. Le problème, c’est que l’immense majorité des joueurs n’aura sans doute pas la curiosité d’aller consulter cette encyclopédie... Sur ce point, le cadre de chez DICE se défend. Outre nous rappeler une nouvelle fois qu’ils n’ont pas une mission d’éducation, il précise que Battlefield 1 peut susciter la curiosité et l’intérêt, mais que c’est au joueur de parfaire ses connaissances et de consulter d’autres sources. Un véritable problème à une époque où les jeux sont toujours plus beaux et paraissent toujours plus réalistes...

Pour finir, Julien Wera fut bien embêté par nos deux dernières questions. La première portait sur le fait de savoir pourquoi les « Harlem Hellfighters » du 369ème régiment d’infanterie, historiquement placés sous commandement français et équipés par du matériel français, sont dans le jeu représentés sous la bannière US. Pour rappel, en raison du racisme et du ségrégationnisme ambiant aux Etats-Unis à cette époque, les troupes afro-américaines étaient mal intégrées dans l’armée US. Le Général Pershing a donc transmis au maréchal Foch le commandement de ces hommes, ce qui n’est pas représenté « ingame ». Julien Wera, après quelques hésitations, nous a cependant assuré que le scénario de la campagne resterait cohérent. La chose, il va sans dire, ne nous rassure que très peu.

Battlefield 1 : Nos impressions après la journée presse

La seconde de ces questions, plutôt taquine, portait sur le fait de demander si DICE aurait eu l’idée de sortir un Battlefield sur la Seconde Guerre mondiale sans personnage américain jouable et avec l’armée US disponible en multijoueur uniquement 6 mois après le « Day one ». Après un rire gêné, l’intéressé a annoncé qu’il « passait son tour » et ne répondrait pas à cette question. Deux poids, deux mesures... Battlefield 1 reste malgré tout un spectacle et un excellent divertissement, mais ce n’est pas le jeu historique que l’on espérait... Ce décalage entre nos attentes et le produit proposé a, il va sans dire, été entretenu par une intense campagne marketing qui n’a pas fait grand-chose pour clarifier la situation.

Au final, et maintenant que les « choses sont claires », si vous avez envie de passer un agréable moment en tolérant l’existence d’énormités vis-à-vis de l’Histoire, et que jouer à un jeu « s’inspirant de l’univers de la Première Guerre mondiale » vous fait envie, foncez sur ce Battlefield 1, malgré son prix élevé. Si à l’inverse, vous n’acceptez pas que Battlefield 1 ne soit qu’un jeu « s’inspirant de la Première Guerre mondiale » et que vous refusez la nuance faite par EA et DICE, il faut mieux rebrousser chemin et retourner sur d’autres titres comme Verdun... Votre porte-monnaie ne s’en portera que mieux !