Les animaux militaires ou les victimes les plus oubliées de la guerre. Immédiatement, ce sont les chevaux qui viennent à l'esprit dont l'espèce compte d'innombrables morts. Au moins deux millions d'entre eux ont perdu la vie lors de la Première Guerre mondiale. Il s'avère également que lors du débarquement sur les plages de Normandie, des centaines de mines furent activées par des troupeaux de moutons, envoyés en mission suicide. Ils ne furent ni les premiers, ni les derniers sacrifiés... HistoriaGames revient sur leur sort.

Les éléphants

Les éléphants de guerre sont mentionnés pour la première fois en 400 avant J.-C. dans les deux épopées hindouistes Mahābhārata et Rāmāyanam. 42 récits de batailles où ils furent utilisés sont parvenus jusqu'à nos jours, la plus ancienne remontant à 46 avant J.-C. lors de la bataille de Thapsus opposant Jules César et Juba 1er de Numidie qui avait les éléphants. Seuls les mâles étaient utilisés à des fins militaires en raison de leur plus grande agressivité.

Alexandre le Grand s'y est retrouvé confronté lors de la bataille de Guagamela en 331 avant notre ère. Victorieux et impressionné par les éléphants, il en prit 15 à l'armée perdante pour poursuivre ses conquêtes.

Dans le huitième livre de l'Histoire naturelle par Pline l'ancien, publié vers 77, il est précisé « iidem minimo suis stridore terrentur : [Les éléphants] sont effrayés par le plus petit cri aigu d'un porc. » d'où les sacrifices porcins.

Le saviez-vous : La vie sociale des éléphants est régie par la femelle la plus âgée, elle vit avec ses consoeurs et les éléphanteaux, les mâles quittent le troupeau quand ils atteignent la maturité sexuelle, vers 10-15 ans mais ils ne se reproduisent qu'après 30 ans, les femelles peuvent donner naissance jusqu'à 50 ans. A cause de la surpopulation et de la déforestation, l'éléphant de Mésopotamie s'est éteint en -850, avec l'activité humaine actuelle la disparition de l'éléphant est estimée à l'an 2025.

Éléphants du Siam équipés de canons utilisés contre les Français au Laos en 1893

Les chevaux

D'après l'archéologie, les premières utilisations des chevaux à des fins militaires remontent entre 4000 et 3000 avant notre ère. Les preuves ont été trouvées dans les steppes situées sur les présentes Ukraine, Roumanie et Hongrie.

Avant l'arrivée des conquistadors sur les terres Amérindiennes, au 16ème, il n'y avait plus de chevaux, disparus il y a approximativement dix mille ans. Les peuples amérindiens ont rapidement adopté les chevaux.

Pendant la retraite de Russie en 1812, quand les troupes de Napoléon revinrent en France, les chevaux furent consommés comme l'attestent deux témoignages : « Ceux qui n'avaient ni couteau, ni sabre, ni hache et dont les mains étaient gelées ne pouvaient manger (...) J'ai vu des soldats à genoux près des charognes mordre dans cette chair comme des loups affamés » Capitaine Charles François, « On nous faisait toujours marcher autant que possible derrière la cavalerie (...) afin que nous puissions nous nourrir avec les chevaux qu'ils laissaient en partant » Sergent Adrien Bourgogne.

Lors de la Première Guerre mondiale, environ deux millions de chevaux ont trouvé la mort, des ânes et des mulets furent également saisis.

Plus récemment en 2001, l'armée des USA a utilisé des chevaux pour envahir l'Afghanistan.

Le saviez-vous : Les fossiles retrouvés et datant d'il y a 60 millions prouvent que le cheval avait à cette époque la taille d'un chien, vivait en forêt et avait plusieurs doigts. Les chevaux vivent en groupe d'au moins quatre individus, un étalon et des juments et leurs poulains.

Les chameaux

C'est le roi arabe Gindibu qui fut le premier, selon ses dires, à employer les chameaux pour un usage militaire, au nombre de 1000. Ce fut lors de la bataille de Qarqar en 853 avant J.-C. lorsque Shalmaneser III voulut conquérir la Syrie, Gindibu combattait dans le camp adverse.

En 1465, le fondateur de l'Etat du Binaker au nord du Rajasthan employa 300 chameaux pour conquérir des territoires voisins. Quatre siècles plus tard dans ce même Etat fut fondé le Bikaner Camel Corps par l'administrateur Ganga Singh.

En 1916, sous le nom d'Imperial Camel Corps, les Britanniques se servirent des chameaux jusqu'en 1918 pour mener des opérations au Moyen-Orient. Les troupes déclarèrent que les chameaux étaient plus dociles et faciles à surveiller que les chevaux.

Le saviez-vous : Contrairement à leurs cousins les dromadaires, les chameaux ne sont peu doués pour la course, ils sont également plus petits et trapus. Les combats entre mâles sont très violents et parfois fatals.

Les chiens

Plusieurs peuples sous l'Antiquité, notamment les Égyptiens, les Perses , les Slaves, les Romains et les Celtes entraînèrent des chiens à des fins militaires.

Atilla et Alexandre le Grand font partie des guerriers accompagnés de molosses au combat, celui d'Alexandre le Grand se nommait Péritas, il mourut en Inde en 326 avant notre ère.

Les participations canines sont nombreuses : Pour se défendre des chevaliers normands, les Irlandais envoyèrent leurs lévriers les déstabiliser.

Aussi, l'empereur vietnamien Lê Lợi, décédé en 1433, avait formé une meute de 100 chiens de combats.

Plus tard lors de la guerre du Viêtnam, environ 5000 chiens américains ont servis. Une vingtaine d'années auparavant, les chiens avaient aidé les Américains à reprendre les îles sous occupation japonaise dans le Pacifique.

En France, exactement 5321 chiens ont été tués ou portés disparus pendant la Première Guerre mondiale. Ils eurent de multiples rôles : trouver les blessés, apporter des messages, relier des lignes téléphoniques comme ce fut le cas pour le sergent Stubby (en image ci-dessus). Quand vint l'hiver, 436 chiens de traîneaux furent amenés depuis le Canada et l'Alaska, la moitié mourut.

Le saviez-vous : La domestication du chien remonte au paléolithique. Les chiens naissent dénués des sens de l'ouïe, de la vue, de l'odorat et sans dents, leur anatomie se développe rapidement, elle compte une centaine de muscles pour bouger les oreilles.

Les pigeons

Il n'est pas étonnant d'apprendre que des pigeons voyageurs furent envoyés par les Français et les Allemands durant la Première Guerre mondiale.

Pendant la Seconde Guerre mondiale le comportementaliste américain Burrhus Frederic Skinner a travaillé de 1940 à 1948 sur ce qu'il nomma « Project Pigeon ». Son but était d'apprendre à des pigeons comment guider un missile, une mission suicide donc. Le comité national de recherche pour la défense a dépensé 25,000 dollars pour son travail bien que l'idée fut jugée excentrique. Un projet similaire avec des chauve-souris avait été expérimenté dans le même pays pour la même guerre. Les commanditaires de Skinner lui proposèrent de placer deux pigeons dans le missile, ce qui selon le chercheur risquait de poser problème en cas de désaccord entre les pigeons, il songea alors d'en mettre un troisième pour trancher. De ce fait, ce troisième pigeon recevra une décharge électrique s'il ne se décide pas suffisamment vite. Le projet fut abandonné en 1944 avant de renaître en 1948 sous le nom de Project Orcon puis ré-annulé cinq années plus tard.

Le saviez-vous : D'après les recherches éthologiques japonaises, les pigeons sont aussi ''intelligents'' que les enfants âgés de trois ans. Tout comme ces derniers, ils peuvent différencier 16 catégories d'éléments.

Les abeilles

Vivait à Pora Pora, une guerrière nommée Te'ura ('ura la couleur rouge est un signe de beauté), elle était de sang royal, chargée de la défense du royaume et avait un lien étroit avec les abeilles. Son activité favorite était de s'en occuper : « Te 'ohipa au roa hia a'e e teie toa, te poiherera'a i te mau manu-hāmani-momona ». Ses comtemporains racontent que parce qu'elle laissait les abeilles se poser sur elle, il était impossible de l'approcher sans être piqué. La guerrière savait également comment traiter quelqu'un piqué par les abeilles : « Ua roa'a i teie toa vahine te rāvea, ia pātia teie mau manu i te ta'ata, eita rātou e mate i muri mai ». La mystification de son histoire veut que lors d'une tentative d'invasion ennemie, elle fit appel aux abeilles qui vinrent attaquer les envahisseurs : « Ua pi'i o ia i te mau manu, e tauturu ia na. Ua ma'ue mai ra te mau manu e ua pâtia i teie mau 'enemi.»

Le saviez-vous : Les abeilles endémiques de Polynésie ont un poison différent de celles d'Europe, être immunisé de ces dernières ne protègent pas des premières dont la piqûre peut faire gonfler un pied au point de rendre la marche impossible.

Les dauphins

En 1960 débutent des expérimentations américaines pour utiliser les dauphins à des fins militaires. Dix ans plus tard, ils tentent un projet nommé « Quick find », dont la réussite dépend de la capacité du dauphin à trouver des têtes de fusées. Suite à cela, les dauphins sont dressés pour apprendre à poser des explosifs sous-marins.

Les recherches sont actuellement menées en Californie et ne comptent pas uniquement des dauphins mais aussi des otaries et des lions de mer. Ces derniers sont nettement plus faciles à dresser. Du côté soviétique, ce sont les dauphins et les belugas qui sont réquisitionnés pour les mêmes fins.

Les dauphins de l'armée américaine ont notamment servi pendant la guerre d'Irak à repérer entre autres les mines situées dans le golfe.

Le saviez-vous : Les dauphins s'allient entre mâles afin de capturer les femelles avant de la séquestrer et de la violer. Si la victime est mère, les petits restent maximum 5 ans avec leur mère, les mâles qui la convoitent tuent l'enfant. Parce qu'ils sont plusieurs violeurs, il y a une confusion sur la paternité de l'enfant à venir, de ce fait aucun des violeurs ne tuera l'enfant, songeant à la possibilité qu'il peut être de lui.

Les phoques

Comme mentionné précédemment, leurs cousins les otaries et les lions de mer sont actuellement en service dans l'armée américaine. Les phoques quant à eux, furent dressés pour des missions suicides dès 1942 par la Suède. Dans ce pays vivent trois espèces de phoques : gris, harbor ou ''commun'' et les ringed. Les phoques envoyés en missions suicides avaient une bombe attachée sur leur dos qui explosait au contact des sous-marins allemands. En mai 2015, un hommage fut rendu aux phoques ayant été sacrifiés durant la Seconde Guerre mondiale.

Le parc aquatique d'Irkoutsk en Sibérie a fait dresser deux phoques du lac Baïkal qui savent désormais utiliser des pistolets à eau et porter un béret militaire, ce qui d'après leur dresseur était la tâche la plus difficile.

Le saviez-vous : Les phoques du lac Baïkal sont les seuls à vivre dans l'eau douce, de ce fait leur anatomie est fort dodue, leurs corps sont remplis d'huile permettant la flottaison, ce sont les plus petits phoques du monde. Ils comptent parmi les 450 espèces animales à être occasionnellement homosexuelles. La chair de ses phoques est vendue en boîte de conserve en Russie, sous prétexte qu'ils ne laissent pas assez de poissons aux humains, or la nature s'auto-régule d'elle-même.