Hammer au bicentaire de la bataille de Leipzig

30 octobre 2013 par Hammer | Les guerres napoléoniennes | Les curiosités d'HistoriaGames

Hammer au bicentaire de la bataille de Leipzig

Hammer, membre de la Garde Chauvin, a eu le privilège de participer, avec son groupe de reconstitution, au bicentenaire de la bataille de Leipzig. Celle-ci s'est tenue dans la ville allemande, du 16 au 20 octobre. Il vous propose de revivre avec lui ce grand événement... Mais, tout d'abord, voici un bref résumé de la bataille :

Résumé de la bataille

Surnommée la bataille des Nations, la bataille de Leipzig fut, sans doute, la plus importante des batailles de l'Empire, mais également la plus meurtrière. Du côté des Coalisés, on compta près de 300.000 soldats répartis parmi les cinq belligérants : Autriche, Russie, Prusse, Royaumes de Suède et Saxe. La Grande Armée française (composée également de troupes polonaises, italiennes et napolitaines), ne peut opposer que 177.000 hommes.

Dès le 16 octobre 1813, les combats furent furieux et meurtriers, chacun se battant avec hargne. Les cavaliers polonais chargeaient, les hommes chargeaient à la baïonnette, les masses s'entrechoquaient par dizaine de milliers dans les plaines, dans la ville, dans la rivière... Le sort des troupes françaises allait être scellé, la défaite était imminente, le repli fut ordonné, le brave Poniatowski fut blessé par-balle en traversant la Partha et il se noya.

Pour montrer l'horreur ainsi que la violence de cette bataille, voici un extrait de Joseph Bertha, soldat au 6ème Léger :

« Sur les collines, en avant de la rivière, deux ou trois divisions, leurs batteries dans les intervalles et la cavalerie sur les flancs, attendaient l'ennemi ; plus loin, par-dessus les pointes des baïonnettes, nous voyions les Prussiens, les Suédois et les Russes s'avancer en masses profondes de tous les côtés : cela n'en finissait plus. Vingt minutes après, nous arrivions en ligne, entre deux collines, et nous apercevions, devant nous, cinq ou six mille Prussiens qui traversaient la rivière en criant tous ensemble : « Faterland ! Faterland ! » Cela formait un tumulte immense, semblable à celui de ces nuées de corbeaux qui se réunissent pour gagner les pays du nord. Dans le même moment, la fusillade s'engagea d'une rive à l'autre, et le canon se mit à gronder. Le ravin où coule la Partha se remplit de fumée ; les Prussiens étaient déjà sur nous, que nous les voyions à peine avec leurs yeux furieux, leurs bouches tirées et leur air de bêtes sauvages. Alors nous ne poussâmes qu'un cri jusqu'au ciel : « Vive l'Empereur ! » et nous courûmes sur eux. La mêlée devint épouvantable ; en deux secondes nos baïonnettes se croisèrent par milliers : on se poussait, on reculait, on se lâchait des coups de fusil à bout portant, on s'assommait à coups de crosse, tous les rangs se confondaient… ceux qui tombaient on marchait dessus, la canonnade tonnait ; et la fumée qui se traînait sur cette eau sombre entre les collines, le sifflement des balles, le pétillement de la fusillade faisaient ressembler ce ravin à un four, où s'engouffraient les hommes comme des bûches pour être consumés. Nous, c'était le désespoir qui nous poussait, la rage de nous venger avant de mourir ;  […] leurs victoires de Gross-Beeren et de la Katzbach les avaient rendus comme fous. Mais il en resta dans la rivière… oui, il en resta ! Trois fois, ils passèrent l'eau et coururent sur nous en masse […] Nos canons les fauchaient, ils avançaient toujours ; mais en haut de la colline nous reprenions un nouvel élan et nous les bousculions jusque dans la rivière. Nous les aurions tous massacrés sans une de leurs batteries, en avant de Mockern, qui nous prenait en écharpe et nous empêchait de les poursuivre trop loin. Cela dura jusqu'à deux heures ; la moitié de nos officiers étaient hors de combat ; le commandant Gémeau était blessé, le colonel Lorain tué, et tout le long de la rivière on ne voyait que des morts entassés et des blessés qui se traînaient pour sortir de la bagarre ; quelques-uns, furieux, se relevaient sur les genoux pour donner encore un coup de baïonnette ou lâcher un dernier coup de fusil. On n'a jamais rien vu de pareil. »

Bien que la défaite fut française, les coalisés souffrirent lors des combats, puisque sur leurs 300.000 hommes engagés, entre 54 et 60.000 perdirent la vie. Du côté des Français, le nombre de mort se situa entre 25 et 30.000 soldats. La différence est flagrante. Au final, les soldats de la Grande Armée ont su prouver ce qu'ils valaient, ce qui leur vaut bien la définition de « la furie française ». Quoiqu'il en soit, le résultat de l'affrontement est catastrophique puisque il y eut au moins 100.000 morts à déplorer.

Le bicentenaire de la bataille de Leipzig

Ainsi, comme vous l'aurez compris, un événement majeur s'est déroulé il y a maintenant un peu plus de 200 ans. De ce fait, il y eut un hommage à travers le monde de la reconstitution. Effectivement, 6.000 reconstituants de l'époque napoléonienne se sont rassemblés à Leipzig pour commémorer la bataille des Nations. Ils sont venus par passion, par devoir de mémoire.

Il est important de signaler que, parmi tous ces reconstituants, il y avait environ 38 nationalités différentes dont les participants endossaient des uniformes différents. Nous pouvions donc retrouver des Russes ou des Tchèques portant l'uniforme français. Tout cela, par passion et par devoir de mémoire sans même chercher à défendre son pays. C'était juste pour se souvenir de ces hommes qui sont morts aux combats quelque soit le camp.

Tout a commencé le 16 octobre où doucement les passionnés arrivaient depuis de nombreux pays, certains parcourant près de 1.500 km pour venir. Le vendredi soir, le camp prenait vraiment de l'importance, bien que compact. Il mesurait environ 2km de long. Imaginez alors 2.000 mètres de tentes alignées...

Le samedi, après un premier défilé jusqu'au champs de bataille, toutes les troupes se sont entraînées à l'école du soldat jusqu'au milieu de l'après-midi. Une fois revenue, tous les membres pouvaient reprendre leurs quartiers s'ils le souhaitaient.

Le lendemain matin à 8h, les caporaux sonnent, hurlent, réveillent, les hommes pour se rassembler. À 9h30, toutes les troupes sont prêtes. Le départ est sonné pour 10h. Après 1h (peut-être un peu plus) de défilé, les soldats arrivent sur leurs positions respectives face à face, puis bivouac à l'ancienne. Sur le sol, quelques miches de pain, des saucisses et des pommes. Vers 13H30, les premiers coups de canons tonnent, les troupes de marines composées de huit Bataillons d'Ouvriers Militaires, du 44ème Equipage de Flottille et de plusieurs équipages des Marins de la Garde s'avancent jusqu'à la Partha où ils construisent un pont. D'après les chiffres, près de 35.000 spectateurs étaient venus admirer cet événement majeur.

Ce qui est intéressant, c'est que toutes ces nationalités sont mélangées au bivouac. Ce qui est encore plus beau, c'est qu'elles font la fête, s'offrent des accolades, des signes d'amitiés en l'honneur de leurs ancêtres et ne sont pas là pour se faire « réellement la guerre »...

C'est un devoir de mémoire.

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