A la découverte de Papers, Please
16 novembre 2013 par Gallinulus Pinguis | Papers, Please | Époque contemporaine | PC
Jeu d'observation, de simulation, de puzzle, de gestion ? Aucune importance. Papers, Please est de toute évidence un jeu indépendant terriblement addictif et quasiment insolite.
Uniquement en anglais, il a été publié le 8 août 2013 sur Steam par son développeur et éditeur Lucas Pope, qui a précédemment travaillé sur Uncharted : Drake's Fortune et Uncharted 2 : Among Thieves. Un petit tour sur la page Twitter (@dukope) vous permet de faire des propositions de noms, si l'un d'eux est retenu, il sera attribué à un PNJ !
Fin novembre 1982, Arstotzka, pays communiste fictif il y a peu de temps encore en guerre contre son pays voisin Kolechia, a décidé d'ouvrir ses frontières. Pour ce faire Arstotzka a besoin des services de l'immigration et un heureux élu vient d'être sélectionné pour y travailler. En effet, le personnage principal n'est autre qu'un agent de l'immigration posté à la frontière devant valider les passeports des immigrants et détecter les fraudes pour refuser l'accès à ceux et celle qui les commettent. Seulement, toutes ces personnes ont leurs raisons pour tenter d'entrer en fraude : rejoindre leur famille, trouver du travail mais aussi perpétrer un attentat terroriste. Ce travail de rêve, payé 5 dollars par passage en règle, va permettre au personnage principal - dont l'identité et l'apparence reste totalement inconnue, à la seule exception qu'il s'agit d'un homme - de nourrir et soigner sa famille incluant sa belle-mère, son oncle, son épouse et leurs fils en les logeant dans l'appartement offert par le gouvernement.
Dès les premiers instants Papers, please apparaît comme un jeu au gameplay simple voire minimaliste mais surtout répétitif. Les PNJ se présentent un à un devant le joueur qui devra vérifier si la photo, l'identité sexuelle sur son passeport correspondent, si la date d'expiration de cette dernière n'est pas dépassée et enfin si le pays et la ville de résidence existent réellement. Après la vérification effectuée, il faudra tamponner le passeport en rouge ou en vert selon la décision prise. Au fur et à mesure que le jeu avance, de plus en plus de documents, donc d'éléments sont à vérifier, entre le passeport, la carte d'identité, le ticket d'entrée puis le permis de travail, il va falloir s'assurer que tous sont biens mis à jour, que le numéro d'immatriculation, le nom, le lieu de résidence de l'immigrant sont identiques sur tous les documents présents ou réclamer quand ils sont absents. Si jamais les PNJs ont des documents falsifiés, deux choix s'imposent : renvoyer les fraudeurs ou les dénoncer aux autorités. En cas de doute il sera possible, ou obligatoire selon les ordres, de scanner les PNJs pour voir s'ils ne cachent rien.
Le nombre d'erreur sans pénalité, un retrait de 5 dollars sur le salaire, est limitée à deux. L'excès de zèle reste l'une des raisons principales qui pousse à l'erreur, en plus de l'inadvertance ou le laxisme. A force de jouer, on finit par retenir certaines informations comme les noms de villes bien existantes, seulement la ville référencée n'est pas située dans le bon pays, alors on a validé à tort, parce qu'on a voulu aller trop vite. Ou bien on vient s'apitoyer sur le sort de cet homme qui demande que son épouse sans papier puisse le rejoindre, cette mère qui veut revoir une dernière fois son fils, ou ces jeunes femmes en détresse qui implorent pour que le proxénète qui les menacent ne puisse pas entrer dans le pays. Dans tous les cas, suite à une erreur, on obtient une amende, parfois celle de trop mais bien plus qu'une pénalité sur le salaire, ce sera peut-être la fameuse erreur qui va déclencher un attentat terroriste ou mener toute la petite famille tout droit au cimetière. Tout cela semble bien tragique, or, de temps en temps, un PNJ récurrent, un vieillard plutôt sénile viendra égayer un peu la partie avec ces tentatives farfelues pour entrer dans le pays, une bouffée d'air frais parmi toutes les supplications ou tentatives de corruption.
Papers, please est au final un jeu vidéo très sournois, d'une grande perfidie qui viendra surprendre le joueur pensant avoir déjà tout compris à son gameplay qui s'avère tellement plus complexe qu'il ne le laisse croire. C'est ce qui rend le jeu si étonnant puisqu'au premier abord il donne fortement l'impression de faire un travail à la chaîne dans une usine pour l'immigration, d'autant que les graphismes et la bande-son sont eux réellement simplistes, autant que secondaire.
- Gallinulus Pinguis Étudiante de l'ICAN
- "Personne ne peut longtemps présenter un visage à la foule et un autre à lui-même sans finir par se demander lequel est le vrai" Nathaniel Hawthorne