Chronique : L'Histoire jour après jour

5 mai 2013 par Aymdef et Kreuzberg | Chronique historique

Tres de Mayo par Francisco de Goya (1814), Huile sur toile, Musée du Prado.

Chères lectrices, chers lecteurs, amies gameuses, amis gameurs ! Voici votre chronique dominicale !

HistoriaGames, au delà de sa passion des jeux vidéos, se veut toujours plus proche de l'Histoire, qui est l'origine même de sa création. C'est ainsi que Kreuzberg, chroniqueur, nous livre, jour après jour sur la page Facebook de notre site (http://www.facebook.com/) les événements de l'Histoire. Du 1er Janvier au 31 Décembre, retrouvez les événements qui ont marqués l'Histoire de l'Humanité sur notre page Facebook et sur la chronique hebdomadaire dédiée à la réédition de ces événements.

Plongez-vous dans l'Histoire...


29 avril

1945 : Le camp de concentration de Dachau est libéré par le 3e bataillon du 157e régiment de la 45e division d'infanterie de la 7e armée US.

Ouvert par le chef des SS Himmler le 21 mars 1933, il fut le 1er camp de concentration allemand... Entre 1933 et 1945, plus de 200 000 personnes y seront déportées. Selon les documents allemands, 32 000 d'entre eux y trouvèrent la mort, bien que ce chiffre soit sans doute inférieur à la réalité. Les conditions y étaient immondes, les prisonniers étaient entassés dans 34 baraques. Sachant que chacune devait en principe contenir 208 prisonniers, au moment de l'arrivée des soldats américains, certains baraquements contenaient presque 1 600 détenus dont la plupart dans un état cadavérique, ne portant que la peau sur les os... Ils étaient confrontés à des conditions de vie extrêmement inhumaines : travaux forcés, froid, chaleur, sévices, manque de nourriture, manque d'hygiène, maladies (typhus)... La torture y était perpétrée par les SS et la Gestapo. Les prisonniers vivaient dans des lits superposés et certains se battaient pour avoir le lit de dessus pour ainsi éviter recevoir les excréments qui suintaient vers le bas.

Le matin du 29 avril, le 3e bataillon du 157e régiment de la 45e division d’infanterie de la 7e armée US reçut l’ordre de prendre le camp de Dachau. Vers midi, les Américains atteignirent l’entrée du camp SS. Sur le chemin d’accès, ils découvrirent le train en provenance de Buchenwald et ses 39 wagons emplis de cadavres. Écœurés face à des scènes d'horreur (prisonniers dans un état de maigreur épouvantable, fosses communes où étaient entassés des corps déchiquetés...), certains soldats tirèrent à bout portant sur 39 à 50 membres du personnel SS affectés à la garde du camp. Cet épisode est appelé le massacre de Dachau.


30 avril

1863 : Il s'agit de la bataille de Camerone qui fête aujourd'hui ces 150 ans. C'est une bataille qui a eut lieu durant l'expédition du Mexique (1861-1867) qui avait pour objectif de mettre en place au Mexique un régime favorable aux intérêts français. Malgré la défaite française, cette bataille de Camerone fut le lieu d'un acte héroïque et de bravoure, et célébré chaque année comme un haut fait de la Légion étrangère.

Alors que l'armée française assiégeait Puebla, un convoi français partit du port de Veracruz le 29 avril 1863. Il était chargé de vivres et de matériels de siège. Le colonel Jeanningros, commandant le Régiment Étranger, ayant eu des renseignements concernant l'attaque probable du convoi, décida d'envoyer la 3e compagnie explorer les abords de Palo Verde avant l'arrivée du convoi. Soixante-deux fantassins et 3 Officiers de la 3e compagnie du Régiment Étranger de la fameuse Légion étrangère furent donc envoyés à la rencontre du convoi, à l'aube du 30 avril...

Aux ordres du capitaine Jean Danjou, la compagnie se réfugie dans le village abandonné de Camerone après avoir repoussé une première attaque menée par des cavaliers mexicains. Danjou se barricade avec ses hommes dans la cour de l'auberge avec l'objectif de tenir assez longtemps pour permettre au convoi de s'éloigner. Le colonel Milan et ses 2000 hommes (1200 fantassins et 800 cavaliers) leur proposent la reddition. Celle-ci est refusée et les Mexicains lancent l'assaut, Danjou est tué, la Légion résiste héroïquement mais l'auberge est incendiée et il ne reste plus que 8 survivants encore valides. Ces derniers tiennent encore 1 heure avant de se rendre sous la condition de conserver leurs armes et que leurs blessés soient soignés.

Près de 500 Mexicains auront été mis hors de combat par les 62 légionnaires.

Chaque 30 avril, les héros de ce combat sont honorés dans tous les régiments et dans toutes les amicales de la Légion ; à cette occasion est lu, depuis 1904, le récit "officiel" du combat de Camerone, que vous pouvez retrouver par ici : http://munchexmoser.e-monsite.com


1er mai

1899: La "Jamais Contente" passe les 100 km/h. Construite par la Compagnie générale belge des transports automobiles Jenatzy, entreprise spécialisée dans la production de produits manufacturés au caoutchouc (notamment les pneus), la "Jamais Contente" est une voiture de 3,8 mètres de long pour 1,5 mètres de large et 1,4 mètres de hauteur ainsi qu'un poids de 1,4 tonnes. Camille Jenatzy, pilote de talent, ingénieur en traction automobile électrique et fils du grand industriel automobile franco-belge Constant Jenatzy, fait construire selon ses propres plans une voiture électrique en forme de torpille. L'objectif est de battre le rival industriel Jeantaud qui est sur le point de s'emparer du marché parisien des automobiles grâce à ses voitures atteignant des vitesses vertigineuses pour l'époque (80 à 90 km/h environ).

La "Jamais Contente" est dotée de deux moteurs électriques, d'une carrosserie née d'un alliage de platinium, d'aluminium, de tungstène et de magnésium laminé. Les moteurs, qui représentent plus de la moitié du poids de la voiture, sont dotés d'une puissance de 68 chevaux et sont directement reliés aux deux roues arrières motrices.

Camille Jenatzy se rend avec la "Jamais Contente" à Achères. Il y fait le record mondial de vitesse de l'époque, en atteignant 105,98 km/h. La concurrence est vaincue et les Jenatzy père et fils s'emparent du marché parisien avec leurs voitures à grande vitesse. Néanmoins, dès le siècle suivant, le moteur électrique sera délaissé au profit du moteur à combustion interne ou à essence.


2 mai

1808 : Soulèvement du Dos de Mayo. Suite à l'abdication de Charles IV d'Espagne en faveur de son fils, le prince Ferdinand VII, le 17 mars 1808 à Aranjuez, le maréchal français Murat occupa Madrid avec une force de 30 000 hommes. Mais le 30 mars, Napoléon convoque le père et le fils à Bayonne. Charles IV voit ici un moyen de réprimander son fils pour ses complots pour le pouvoir, tandis que Ferdinand VII voit là le moyen de se faire reconnaître roi d'Espagne par Napoléon. Mais ni l'un ni l'autre n'auront raison : l'Empereur oblige chacun à abdiquer tour à tour en faveur de Joseph Bonaparte.

Pendant ce temps à Madrid, le maréchal Murat a réduit le Gouvernement espagnol à l'état de pantin impuissant, et demande l'autorisation de transférer l'infant François de Paule et la reine Marie-Louise d’Étrurie à Bayonne. Le Gouvernement refuse. Mais les instructions de Ferdinand VII arrivent dans la capitale espagnole ; à cette heure, aucune abdication n'a été signée, et donc le prince dirige encore l'Espagne. Le Gouvernement, conformément aux ordres, autorise le transfert des deux personnalités royales par l'armée française.

Le 2 mai 1808, la cavalerie française principalement composée de mamelucks se rassemble devant le palais royal de Madrid avec deux carrosses. La foule madrilène se rassemble aussi, inquiète. La reine d’Étrurie sort du palais et monte dans un carrosse : personne ne réagit. Mais soudainement, le bruit selon lequel l'infant va aussi être emmené hors de Madrid se répand. La foule s'agite. Et les cris fusent : "¡ Que nos lo llevan !" (en espagnol "Ils nous l'enlèvent !"). La foule menaçante s'introduit dans le palais royal. Le maréchal Murat apprend la nouvelle, et dépêche immédiatement un bataillon de grenadiers de la Garde Impériale et quelques pièces d'artillerie au palais. Les troupes françaises tirent sans sommation.

Les Madrilènes se dispersent aux cris de "Mort aux Français !". La révolte s'étend dans tout Madrid. Les citoyens espagnols prennent les armes et élisent des chefs populaires de quartier qui prennent la tête des forces anti-françaises. Les mamelucks sont massacrés en souvenir de la Reconquista. Murat tente de réagir, mais la résistance espagnole est plus efficace que prévue ...


3 mai

1808 : Répression du Tres de Mayo. Suite aux événements révolutionnaires espagnols, Murat décide d'intervenir plus fermement. Si la Garde Impériale devant le palais royal de Madrid a été muselée par la foule en délire et si les répressions engagées ne sont pas efficaces, il faut sortir les grands moyens.

Du côté des révoltés espagnols, plusieurs problèmes se posent dans chaque quartier. Premièrement, comment fédérer toutes les troupes révolutionnaires madrilènes pour coordonner leurs actions ? Deuxièmement, comment trouver des armes plus adéquates (là où les Français chargent au sabre, les Espagnols répliquent au couteau) ? Et enfin troisièmement, comment empêcher l'arrivée de nouvelles troupes françaises ? Ce sont les trois critères qui permettent à Murat d'enrayer la propagation de la guerre urbaine. Et les révolutionnaires ne parviennent pas à trouver les solutions, sinon à la deuxième question, en volant les armes des Français tués, mais aussi en voyant que quelques officiers espagnols du parc d'artillerie de Madrid se joignent aux révolutionnaires (contre les ordres de Ferdinand VII). Les Madrilènes se livrent donc à de violents massacres des troupes françaises, sans réfléchir, où seul le coup le plus fort est efficace.

Pour le maréchal Murat, la situation paraît sombre. Si les 30 000 Français sont parvenus à entrer dans Madrid, ils sont l'objet de violentes réactions madrilènes. Mais deux renversements de situation vont jouer en la faveur du Français : premièrement, la soumission totale du Gouvernement qui accepte la répression, et deuxièmement le ralliement des troupes royales espagnoles aux Madrilènes, ce qui permet au maréchal de traiter les révolutionnaires comme des traîtres. Alors, la Loi du Tallion règne : lorsque les Espagnols se ruent sur les forces françaises, les mamelucks et les lanciers français vont égorger, arrêter et fusiller les révoltés. 

La répression se poursuit jusque tard dans la nuit. Les combats sont finis, mais Murat fusille les révoltés dans la banlieue de Madrid. Ce jour là, 960 Français sont morts. Les madrilènes subirent également de lourdes pertes et se cachèrent dans leurs maisons en abandonnant leurs armes. Mais le Dos et Tres de Mayo ont un impact fort sur l'Europe entière : c'est le souffle naissant de la révolution anti-napoléonienne.


4 mai

1945 : Capitulation des forces armées allemandes du Nord. Cette armée qui combattait au Danemark, dans les Pays-Bas et dans le Nord-Ouest de l'Allemagne était vaincue et sans moyen de riposter, du fait que le maréchal britannique Montgomery avait soigneusement encerclé les troupes allemandes. La Convention de Lunebourg fut rédigée sous la tente de Montgomery, dans un texte officiel en anglais et en allemand (que nous avons ici traduit), et fut signée par le maréchal Montgomery pour les Alliés, et par l'amiral von Friedeburg, le général Kinzel, le contre-amiral Wagner, le colonel Poleck et le major Friedel pour l'Allemagne.

"1. Le commandement allemand accepte la reddition de toutes les forces armées allemandes en Hollande, en Allemagne, y compris au nord-ouest des îles de la Frise et Helgoland et toutes les autres îles. Dans le Schleswig-Holstein et au Danemark également, et la capitulation se fera au 21e groupe d'armées britanniques. Il faut inclure tous les navires de guerre dans les régions concernées. Ces forces doivent déposer les armes et se rendre sans condition.

2. Tous les hostilités sur terre, sur mer ou dans les airs par les forces allemandes dans les domaines ci-dessus doivent cesser à 08h00. Et ce, à l'heure d'été britannique le samedi 5 mai 1945.

3. Le commandement allemand devra effectuer, sans argument ni commentaires, toutes les autres commandes qui seront émises par les puissances alliées sur n'importe quel sujet.

4. Désobéissance aux ordres, ou le défaut de s'y conformer, seront considérés comme une violation de ces conditions de rachat et seront traitées par les puissances alliées en conformité avec les lois acceptées et usages de la guerre.

5. Cet acte de renonciation est indépendant, sans préjudice, et sera remplacé par un instrument général de reddition imposé par ou au nom des puissances alliées et applicables à l'Allemagne et les forces armées allemandes dans leur ensemble.

6. Cet instrument de capitulation est écrit en anglais et en allemand. La version anglaise est le texte authentique.

7. La décision des puissances alliées sera la finale en cas de doute ou de litige quant à la signification ou l'interprétation des termes de la reddition."


5 mai

1821 : Mort de Napoléon Ier. Après sa déportation sur l'île de Sainte-Hélène suite à sa défaite à Waterloo, l'ex-empereur doit attendre que sa demeure, Longwood House, soit construite. A ce moment, il vit pleinement sa vie : il sort à cheval sur l'île, il joue aux cartes, discute sur des sujets variés jusque tard dans la nuit, rencontre la population locale et commence à dicter ses mémoires. Il essaye par la même occasion d'apprendre l'anglais.

Mais Longwood House est rapidement construite, et le gouverneur de l'île, le général Hudson Lowe, ordonne que Napoléon soit constamment sous surveillance. L'empereur déchu, fort contrarié par cet ordre, décide de vivre reclu dans sa demeure et de ne plus sortir, ce qui lui permet de ne pas être vu par les soldats britanniques. De même, lorsque le gouverneur Lowe souhaite s'entretenir avec les Français, Napoléon ordonne à son petit entourage que personne ne réponde, le silence absolu devant être la réponse de la surveillance étroite.

Mais rapidement, Napoléon se meurt. Il s'affaiblit de jour en jour. Les généraux Bertrand et Montholon se dépêchent de rédiger les mémoires et le testament du souverain déchu, car les médecins ne parviennent pas à améliorer l'inquiétant état de Napoléon. Ce dernier n'avait d'ailleurs pas confiance en les médecins. Dans son testament, il fera d'ailleurs noter : "Je lègue au Docteur Antommarchi vingt francs pour acheter une corde pour se pendre".

Alité depuis le 17 mars, Napoléon ne mange plus, son estomac le fait atrocement souffrir. Il régurgite tout ce qu'il avale, est atteint de fièvre, est constamment fatigué et entre parfois dans des phases délirantes. Le 3 mai, son état s'aggrave. Le 4, la veille de sa mort, le médecin britannique Arnott fait ingurgiter une forte dose de calomel à Napoléon. Dans la nuit du 4 au 5 mai, l'empereur déchu entre dans un état comateux. Il parvient avec difficulté à murmurer ses dernières paroles : « Tête … Armée…».

Le 5 mai 1821, à dix-sept heures quarante-neuf, il fait trois profonds soupirs et meurt.

Trois thèses s'opposent sur l'origine de sa mort qui reste aujourd'hui inconnue : un ulcère aggravé, un cancer à l'estomac ou un empoisonnement à l'arsenic.

Chacun vint constater le décès de Napoléon, et le général Lowe lui-même dira : « Hé bien, Messieurs, c'était le plus grand ennemi de l'Angleterre et le mien aussi ; mais je lui pardonne tout. À la mort d'un si grand homme, on ne doit éprouver qu'une profonde douleur et de profonds regrets. ».

Quant à François-René de Chateaubriand, il écrira : « A dix-sept heures et quarante-neuf minutes, il rendit le plus puissant souffle de vie qui eut jamais agité l'argile humaine. ».

  • Aymdef El Présidente, Rédacteur en chef, Testeur, Chroniqueur, Historien Email | Twitter

  • "L'objet de la guerre n'est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d'en face meure pour le sien." George S. Patton
  • Kreuzberg Ex-Chef de la section littérature , Ex-Testeur, Ex-Chroniqueur, Ex-Historien

  • Ancien membre d'HistoriaGames : Tombé au combat