Chronique : L'Histoire jour après jour

23 juin 2013 par Aymdef | Chronique historique

Le serment du jeu de Paume, peint en 1791 par Jacques-Louis David

Chères lectrices, chers lecteurs, amies gameuses, amis gameurs ! Voici votre chronique dominicale !

HistoriaGames, au delà de sa passion des jeux vidéos, se veut toujours plus proche de l'Histoire, qui est l'origine même de sa création. C'est ainsi que l'on vous livre livre, jour après jour sur la page Facebook de notre site (http://www.facebook.com/) les événements de l'Histoire. Du 1er Janvier au 31 Décembre, retrouvez les événements qui ont marqués l'Histoire de l'Humanité sur notre page Facebook et sur la chronique hebdomadaire dédiée à la réédition de ces événements.

Plongez-vous dans l'Histoire...


17 juin

Photo de Jean Moulin prise devant la la préfecture de Chartres1940 : Alors qu'il aurait préféré se battre les armes à la main pour la France, Jean Moulin dut se résigner à conserver son poste de préfet d'Eure-et-Loir à Chartres.

Le 17 juin 1940, Jean Moulin est arrêté par des Allemands de la 8e division d'infanterie. Il refusait catégoriquement de signer un document accusant injustement de meurtre une troupe de tirailleurs sénégalais de l'Armée française. Ils étaient accusés d'avoir commis des atrocités envers des femmes et enfants à La Taye, un hameau près de Saint-Georges-sur-Eure. En fait, ces atrocités avaient été perpétrées par des bombardements allemands...

Jean Moulin est alors emprisonné, injurié et maltraité. Face à la pression allemande, il préfère se trancher la gorge à l’aide d’un débris de verre plutôt que de se déshonorer. Il évita la mort de peu et conservera une cicatrice qu'il cachera sous une écharpe, comme on le voit sur sa célèbre photo prise après sa guérison, à la préfecture de Chartres.

Il écrira dans son Premier Combat, les mots suivants : "Et pourtant, je ne peux pas signer [...] Tout, même la mort [...] Les boches verront qu'un Français aussi est capable de se saborder [...]. Je sais que ma mère, me pardonnera lorsqu'elle saura que j'ai fait cela pour que des soldats français ne puissent pas être traités de criminels et pour qu'elle n'ait pas, elle, à rougir de son fils."


18 juin

1940 : Depuis la BBC à Londres, de Gaulle lance un appel alors que Pétain négocie avec l'Allemagne. Diffusé sur les ondes à 22h puis rediffusé le lendemain à 16h, il fut peu écouté sur le moment. Mais il sera repris dans les journaux libres qui subsistaient encore dans la France de Vichy.

Le message deviendra le symbole de la résistance bien que le message d'origine n'était pas une invitation à constituer des réseaux de résistance sur le territoire français. De Gaulle s'adressait tout particulièrement aux militaires et aux spécialistes des industries de l'armement en les appelant à appuyer l'effort de guerre du Royaume-Uni, seul pays au moment des faits pouvant libérer l'Occident du joug allemand. Les USA étant rester neutre et l'URSS avait conclu le Pacte Molotov-Ribbentrop.

Voici la teneur du message envoyé le 18 juin 1940, dont il ne reste plus de traces sonores :

Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement.

Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat.

Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi.

Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.

Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !

Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.

Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis. Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays.

Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.

Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.

Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.

Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres.

Voici également un extrait du téléfilm, documentaire sur l'Appel du 18 juin 1940. Scène final avec le Général de Gaulle qui lit son Appel à la BBC à Londres.


19 juin

Le Combat du Kearsarge et de l'Alabama par Édouard Maner, 1864.1864 : Lors de la guerre de Sécession américaine, un navire de la marine confédérée, le CSS Alabama s'opposa à un navire de la marine de l'Union, l'USS Kearsarge au large du port français de Cherbourg dans la Manche.

Le CSS Alabama était un bâtiment puissant de 66 mètres sur 9,60 mètres doté de deux machines à vapeur de 300 chevaux, gréé en trois mâts barque, et comportant huit canons. En 22 mois, son équipage avait coulé 67 navires marchands sur les 447 qu'il avait arraisonné. Vous vous douté bien que c'était l'ennemi à abattre pour les Unionistes...

Le 11 juin, le CSS Alabama se rendit au port de Cherbourg pour y effectuer des réparations. Édouard Liais, le consul des États-Unis, prévient l'Union, qui envoie immédiatement une frégate, l'USS Kearsarge. La France autorise tout de même l'Alabama à prendre du charbon mais le raccompagne au delà des eaux territoriales où l'attendait le Kearsarge.

Un combat intense s'ensuivit, et c'est le Kearsarge qui remporta la victoire comme le nota dans son journal de bord le commandant John Ancrum Winslow : « Aujourd'hui 19 juin de l'année 1864, j'ai coulé l'Alabama au large des côtes françaises ».

Mais, le fait intéressant de cette bataille au delà du fait qu'il se déroula au large des côtes françaises, et qu'il a été suivi par des milliers de spectateurs qui affluaient de Paris par le train en ayant appris la nouvelle dans les journaux comme cela a été le cas du peintre Édouard Manet qui en a même immortalisé l'instant dans Le Combat du Kearsarge et de l'Alabama, en image ci-contre.


20 juin

1789 : Les députés des états généraux, après s'être proclamés Assemblée nationale, se retrouvèrent dans la désormais célèbre salle du Jeu de Paume à Versailles, pour y prêter serment.

Un an plutôt, le marasme financier et la dégradation de la situation dans tout le pays amènent Louis XVI à convoquer les états généraux du royaume. Ceux-ci débuteront le 5 mai 1789 à l'hôtel des Menus Plaisirs et rassemblèrent 1139 députés (dont 291 appartiennent au clergé et 270 à la noblesse et 578 au tiers état), présidés par Louis XVI en personne.

Bien entendu des dissensions éclatèrent très rapidement... et le 10 juin, une nouvelle assemblée se proclama, rassemblant des députés du Tiers états, des nobles libéraux (dont La Fayette) et des clercs proches du peuple. Ceux-ci réclamèrent la suppression des Ordres. Face à cet affront, Louis XVI fait fermer la salle...

Sur proposition d'un certain Dr Guillotin, la nouvelle assemblée décide de se réunir dans une nouvelle salle située au cœur du quartier du Vieux-Versailles. Lors de la séance du 20 juin, les députés présents prêtent un serment qui stipule une solidarité totale entre ses membres jusqu'à l'élaboration de la Constitution. Sous la présidence de Jean Sylvain Bailly, ils jurèrent « de ne jamais se séparer et de se rassembler partout où les circonstances l'exigeraient, jusqu'à ce que la constitution du royaume fût établie et affermie par des fondements solides », formule écrite par l'abbé Emmanuel-Joseph Sieyès.

Cet engagement aura un impact symbolique et politique très fort, qui en fait un moment important des Préludes de la Révolution française. Il sera repris dans l'œuvre magistrale de Jacques-Louis David, Le serment du jeu de Paume, peint en 1791, à découvrir au Musée Carnavalet à Paris.


21 juin

1582 : Cela se passa durant le Sengoku Jidai, une période de l'histoire japonaise durant laquelle le pays est plongé en pleine crise sociale, politique et militaire du milieu du XVème au début du XVIIème siècle. Les seigneurs de guerres se faisaient la guerre afin de prendre le contrôle du shogunat et ainsi devenir le véritable dirigeant du Japon (l'empereur ayant une fonction symbolique).

Nobunaga Oda était un de ceux-là et il fut le premier qui débuta la réunification du Japon morcelé et en proie au chaos total. Oda combattit tous les clans qui lui était opposé comme les Asakura, Azai et surtout Takeda. En 1573, il mit fin au shogunat Ashikaga et régna désormais sur plus de la moitié du Japon.

Oda débuta une campagne pour défaire le clan Mori qui l'enquiquinait. Son plus fidèle vassal Hideyoshi Hashiba (le futur Hideyoshi Toyotomi) lui demanda de l'aide lors d'une bataille à laquelle Oda répondit positivement. Avant de rejoindre Hideyoshi, il fit une pause au temple Honno-Ji proche de Kyoto afin de reposer ses troupes après une longue marche.

Mal lui en a prit car c'est à ce moment là qu'un autre de ses vassaux, dénommé Akechi Mitsuhide, fomenta un coup d'état et assiégea le temple où se trouvait Oda. Ce dernier ne disposait que de peu de troupes pour riposter et voyant sans doute la défaite se profiler, décida de se faire seppuku avec deux de ses fils, le 21 juin 1582, ce qui mit fin à son ambition d'unification. C'est à dire qu'il s'ouvrit l'abdomen à l'aide d'un sabre court (appelé wakizashi) ou d'un poignard (tantō) selon la tradition. Cela a pour but de libérer son âme et de se laver d'un échec personnel (en l'occurrence ici, la défaite). Hideyoshi reprendra le vieux rêve de son seigneur et unifiera le pays cinq ans plus tard.


22 juin

1633 : En 1620, le pape Urbain VIII soumet à Galileo Galilei l'idée d'écrire un livre intitulé "Dialogue sur les deux grands systèmes du monde". Publié en 1632, ce texte est rédigé comme un dialogue entre trois personnes, la première favorable au système héliocentrique de Copernic (thèse mit à l'index par l'Église), la deuxième au système géocentrique de Ptolémée, et la troisième sans opinion préalable sur la question. Galilée laissa clairement entendre sa préférence pour les thèses héliocentriques, ce que refusa d'entendre l'Église qui lui fit alors un procès l'année suivante.

Âgé de 70 ans, le savant italien Galilée est condamné à la prison à vie selon la sentence de la congrégation du Saint-Office, le bras judiciaire de l'Inquisition, rendue au couvent dominicain de Santa-Maria : « Il est paru à Florence un livre intitulé Dialogue des deux systèmes du monde de Ptolémée et de Copernic dans lequel tu défends l'opinion de Copernic. Par sentence, nous déclarons que toi, Galilée, t'es rendu fort suspect d'hérésie, pour avoir tenu cette fausse doctrine du mouvement de la Terre et repos du Soleil. Conséquemment, avec un cœur sincère, il faut que tu abjures et maudisses devant nous ces erreurs et ces hérésies contraires à l’Église. Et afin que ta grande faute ne demeure impunie, nous ordonnons que ce Dialogue soit interdit par édit public, et que tu sois emprisonné dans les prisons du Saint-office. »

Galilée sera finalement assigner à résidence, grâce au pape Urbain VIII, qui l'avait au départ soutenu. Mais il dut renier ses convictions scientifiques. Le texte de la sentence fera le tour de l'Europe, sauf en France, et beaucoup de scientifique refuseront de publier leurs écrits pour éviter la controverse comme René Descartes. Galilée sera réhabilité par l'Église en 1992.


23 juin

1757 : Aux abords du petit village de Palasî (entre Calcutta et Murshidâbâd), les forces de la Compagnie anglaise des Indes orientales (CAIO) sous le commandement de Robert Clive mettent en déroute l'armée du Nabab Siradj al-Dawla (une sorte de souverain du Bengale), appuyée par les Français.

Lors de la guerre de Sept Ans, les Britanniques, en conflit avec les Français, décidèrent de fortifier Calcutta, qui est la principale possession de la Compagnie anglaise des Indes orientales en Inde. Cela irrita Siradj al-Dawla car ces travaux se font sans son autorisation et les Britanniques donnent refuge à certains de ses opposants. Il posa alors un ultimatum qui resta sans réponse... Siradj al-Dawla s'empare de la ville le 20 juin.

Robert Clive, un lieutenant-colonel de la CAIO, prend alors la tête d'une troupe et se rend au Bengale. Ses forces sont composées de 900 hommes du 39e régiment d'infanterie, 2200 cipayes (soldats indiens servant dans l'infanterie) et 9 canons. Ils vont devoir faire face à 50 000 soldats indiens et 53 canons français retranchés dans le camp de Palasî.

La bataille ne dura pas bien longtemps. Une tempête de mousson éclata au début. La poudre des armes indiennes étaient imbibés d'eau, les rendant inutilisables. Mais surtout, Robert Clive avait décidé de l'issue du combat bien avant, car il réussit à corrompre un grand nombre de soldats de Siradj al-Dawla pour qu'ils se rendent prématurément, jettent leurs armes ou les retournent contre leur propre camp. En effet, Robert Clive  s'était mis d'accord avec Mîr Jafar (oncle de  Siradj al-Dawla) pour lui offrir le trône du Bengale. Ainsi les pertes anglaises durant la bataille de Plassey sont au nombre de 23 morts et 49 blessés. C'est une victoire pour les Anglais considérée comme l'acte fondateur du Raj britannique.

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  • "L'objet de la guerre n'est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d'en face meure pour le sien." George S. Patton