Chronique : L'histoire des templiers - 5ème partie

31 janvier 2013 par Orochti | Chronique historique | Moyen-âge - Les Croisades

Chronique : L'histoire des templiers - 3ème partie

Cinquième partie du dossier sur l'Histoire des Templiers. Retrouvez les précédentes parties par ici : Chronique des Templiers.

Après avoir vu l'organisation globale de l'ordre du Temple, intéressons-nous plus directement à la guerre. En effet, ces moines étaient également des soldats qui avaient jurés de protéger les reliques du Christ, et la vie des pèlerins. Il parait alors tout à fait évident que nous retrouvons l'ordre dans différents conflits sur la Terre Sainte.

Cependant, nous n'allons pas énumérer ici toutes les batailles auxquelles l'ordre a participé. Les raisons sont simples : lors des batailles, l'ordre ne combattait jamais seul. Les batailles étaient un véritable mélange de compagnies et de groupes d'armes, avec un but commun. Nous allons plutôt étudier la façon de combattre, les points-clés lorsque l'armée du Temple bataillait. Ainsi, nous verrons tout d'abord l'armée sur le terrain, puis nous verrons deux symboles de l'armée templière : le gonfanon bauceant et le Krak des Chevaliers.

  • L’armée sur le terrain
  • Le gonfanon bauceant et le Krak des Chevaliers
  • Bibliographie

Au départ, l'ordre fut créé dans le but de protéger avant tout les pèlerins qui souhaitaient se recueillir sur les reliques du Christ. Ainsi, les soldats de cette militae christi se chargeait surtout de vandales et autres brigands. Cependant, la politique changeante en Orient obligea les templiers, mais pas seulement (Hospitaliers, Saint-Jean d'Acre etc..), à intervenir directement dans des conflits beaucoup plus grand, à participer à des batailles qui déterminaient l'avenir du Royaume de Jérusalem. À la différence des armées venues d'Occident, l'armée des Templiers furent très efficaces, étant donné qu'ils s'entraînaient directement en Orient. Habitués au terrain et aux tactiques ennemies, les Templiers furent une véritable menace pour les armées musulmanes. De plus, ces chevaliers étaient inébranlables, prêts à se sacrifier pour défendre les reliques de Dieu. Dès lors, il est impossible de repousser une telle armée par un effet de terreur. La mort ou la victoire.

Dans la Règle de l'ordre, une longue partie est consacrée à la vie militaire et les actions autorisés à faire sur les routes lors des déplacements en terrain hostiles. La Règle n'était cependant pas si dure envers ses chevaliers. En effet, elle préconisait avant tout la sûreté et le bien-être des Templiers. Par exemple, elle déconseillait d'aller contre le vent, au risque d'avoir du sable qui les gênerait et les déstabiliserait. Autre point important, la Règle interdisait les frères à se séparer, même pour un acte anodin comme abreuver sa monture. Le groupe devait être toujours ensemble, afin d'éviter de possibles embuscades, et surtout, garder ce lien de groupe si cher au Templiers.

Bataille de Damiette, XIIIème siècleLorsque les frères devaient s'arrêter la nuit, pour camper, nous retrouvions un schéma classique : une tente ronde qui servait de chapelle, très importante afin que les Templiers puissent prier, puis se trouvait à coté les tentes pour les chefs et le chapelain. Une tente, également ronde accueillait les provisions et le matériel. Pour les plus simples soldats, ils campaient dans des tentes plus sommaires appelés grebeleures (ou gribeloires). Un ordre précis devait être respecté, en ligne. Les écuyers devait se charger du fourrage, de l'eau et du bois, mais tout en restant « à portée de cri » afin de pouvoir revenir rapidement en cas d'appel. Après quoi, la vie au camp se déroulait comme la vie dans une commanderie, respectant la hiérarchie et les différents rituels. La nuit, des sentinelles montaient la garde, toujours à l'affût en cas d'attaque.

Les musulmans, assoiffés de revanche depuis la 1ère croisade, n'ont cessé d'attaquer régulièrement le Royaume et les pèlerins. Si au début, il ne s'agissait que des raids à petit groupe, peu à peu, la situation changea et de véritables armées attaquèrent. Les Templiers, experts du terrain et des armes, furent alors une élite d'armée professionnelle qui en plus de défendre la Terre Sainte, étaient des entraîneurs très pédagogiques ! Ceci dit, ils n'étaient pas les seuls à avoir ce rôle, puisque une certaine « concurrence » existait avec les Hospitaliers, avec qui les relations ne furent pas toujours excellentes.

Au début, les tactiques utilisées étaient celles qu'on avait l'habitude d'employer en Europe, c'est-à-dire les chevaliers regroupés en lance, bannière ou bataille, sur leurs destriers chargeait successivement, par vagues. Cette tactique fonctionne en Europe, sur des terrains plats pour des énormes champs de batailles. De plus, la présence d'eaux est indispensable pour abreuver les nombreuses montures régulièrement lourdement équipés. Cependant, au Moyen-Orient, c'est tout à fait l'inverse. Les terrains sont accidentés, l'eau se fait très rare, ce qui fait que les cavaliers s'épuisèrent très vite, tout comme les destriers. La Règle met en avant l'attention que les chevaliers doivent porter à leur monture. En effet, les chevaux assez puissants et forts pour supporter le matériel étaient introuvables en Orient, et ces derniers étaient alors amenés par navire depuis l'Europe. Même si l'ordre n'avait pas de problème d'argents, cela revenait très cher.

En face, les Musulmans avaient comme tactique d'attaquer avec des petits chevaux légers, où leurs cavaliers étaient munis d'arcs  qui harcelaient l'adversaire de flèches. L'ordre prit en compte leur stratégie pour y créer leur propre infanterie légère. Des soldats légers munis d'arcs et d'arbalètes voire même de piques avaient pour but de protéger les cavaliers, qui apparaissait après pour mener l'attaque décisive. À coté de ça, il fut crée les turcopoles, des cavaliers montant des chevaux arabes également armés d'arc afin de mener des combats à la tactique proche de l'armée musulmanes.

Avant de se lancer dans la bataille, les soldats devaient se préparer à combattre. Les chevaliers avec l'aide de leurs écuyers préparaient leur heaume, prenaient leur grand bouclier et leur lance. Lorsqu'il était présent, le maréchal avait le privilège de porter le gonfanon bauceant (ou baussant). C'est un étendard de guerre réservé à l'ordre des Templiers. Ce dernier était « d'argent au chef de sable » c'est-à-dire noir, couleur de la force, et blanc, couleur de la pureté. A partir de 1145, suite au concile, la croix rouge fit son apparition au dessus du tout (image ci-contre).

Autour du maréchal, dix frères l'entourèrent pour protéger ce précieux étendard. En effet, lors des batailles, le gonfanon était le seul point de repère, le signe de ralliement. Celui qui le portait ne devait jamais le baisser ou le perdre, au risque de sévères sanctions : le frère en question pouvait perdre l'habit, c'est-à-dire être exclu de l'ordre, voire même mis aux fers. La Règle est clair : « si le gonfanon se baisse, ceux qui sont au loin ne savent pas pourquoi il s'abaisse, si c'est volontaire ou non. Et les hommes qui ne voient plus le gonfanon sont désemparés ce qui peut entraîner une grande déconfiture. » C'est pourquoi, un homme de secours est toujours prévu pour porter le gonfanon, au cas où il arriverait un accident au premier.

Lors des batailles, les Templiers se battaient jusqu'à la victoire ou la mort. Ils leur étaient interdis d'abandonner, sinon ils étaient exclus de l'ordre. La Règle est strict à ce sujet, et même blessé, le chevalier doit toujours combattre à une exception : sauver un chrétien. D'autre part, si un Templier se faisait prendre, et capturer par les musulmans, il ne devait pas espérer être sauvé par une rançon. En aucun cas l'ordre ne paya de rançon pour sauver des hommes, qu'il considérait perdu sur le champ de bataille, mais victorieux dans la foi, car ces derniers mourraient pour Dieu, et par ce biais, aller au Paradis. Grâce à cette seconde armure de foi, les Templiers semblaient invincibles. Les musulmans tentèrent parfois de reconvertir les prisonniers, ce qui serait une insulte suprême envers l'ordre, mais pour une grande majorité, les Templiers gardèrent la foi jusqu'au bout.

Le Krak des chevaliers est la plus célèbre forteresse qu'on retrouve au Moyen-Orient. Aujourd'hui encore, elle siège fièrement en Syrie actuel. Pourtant, contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce n'était pas les Templiers qui y siégeaient mais des Hospitaliers ! Le Krak des chevaliers représente le rêve des occidentaux qui projetaient mettre la main sur l'Orient et de mettre la main sur ces terres lointaines, berceau de la chrétienté. Un rêve, qui n'était qu'un miracle et qui disparut comme un mirage. Accroché au flanc d'une montagne, aux pentes raides, le Krak des chevaliers contrôlait la trouée d'Homs, qui est un passage stratégique entre la méditerranée et la vallée de l'Oronte.

Auparavant existait déjà une forteresse musulmane qui fut prise en 1099 durant la première croisade par Raymond de Saint-Gilles, le futur comte de Tripoli. Le nouveau maître des lieux entreprit de renforcer la place avant de la céder aux Hospitaliers en 1142. Après plusieurs mois de constructions au milieu du XIIème siècle, ils réalisèrent l'ensemble merveilleux toujours observable aujourd'hui et reconnu par le patrimoine mondiale de l'UNESCO comme chef-d'œuvre d'architecture médiévale.

Krak des chevaliers (reconstitution), par Guillaume Rey : Étude sur les monuments de l'architecture militaire des croisés en Syrie et dans l'île de Chypre (1871).La partie centrale, la plus élevé épouse la forme du terrain, et constitue une masse dominé au sud, par deux puissantes tours en fer à cheval. Plus bas, la courtine extérieure, renforcée de tours circulaires s'étire sur environ 66 mètres de longueur, et sur une surface de plus de 2 hectares ! Tout avait était prévu pour tenir face à un long siège : un moulin à vent, des énormes jarres, un puits, des citernes etc… Réputé comme imprenable, le Krak des chevaliers tomba pourtant aux mains du sultan Baybars en 1271.

Ainsi, nous avons vu aujourd'hui comment se déroulait rapidement l'organisation de l'ordre lors des batailles et des guerres. Nous avons vu également le rôle important du gonfanon baussant, et l'exemple le plus célèbre des forteresses : le Krak des chevaliers. Cependant, ne pensons pas que la vie des chevaliers se contentait à la guerre ! Ces moines-soldats étaient aussi des moines qui vivaient dans une commanderie, proche des monastères d'occident. C'est une image peu connu des Templiers, qui étaient aussi des saints hommes que nous découvrirons la prochaine fois ! À bientôt pour la suite !

  • DEMURGER Alain, Croisades et Croisés au Moyen-âge, Flammarion, collection Champs, 2006, 410 pages.
  • FLORI JEAN, La croix, la tiare et l'épée : la croisade confisquée, Payot & Rivage, Collection Histoire, 2010, 350 pages.
  • HUCHET Patrick, Les Templiers de la gloire à la tragédie, Editions OUEST-France, Collection Histoire, 2010, 130 pages.
  • BRIAIS Bernard, Les Templiers, France Loisirs, collection Les mémoires du Temps, 2011, 190 pages.
  • Source des images : Wikipédia
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