Chronique : L'histoire des templiers - 6ème partie

21 février 2013 par Orochti | Chronique historique | Moyen-âge - Les Croisades

Chronique : L'histoire des templiers - 3ème partie

Sixième partie du dossier sur l'Histoire des Templiers. Retrouvez les précédentes parties par ici : Chronique des Templiers.

La dernière fois, nous avons vu comment fonctionner l'armée de l'ordre du Temple en temps de guerre. Leur rôle étant avant tout de protéger les pèlerins, et les reliques sacrés du Christ, il est normal de voir en eux d'abord des chevaliers. C'est d'ailleurs cette image qui nous est restée, dans l'imaginaire collectif des Templiers. Cependant, les Templiers étaient des moines soldats. Qui dit moines, dit vie monacale. En effet, en temps de paix, les chevaliers du Christ avait un emploi journalier complet et assez restrictive qui leur permettait  de vivre à l'image des moines.

Nous allons voir dans cette chronique tout d'abord les différentes prières dans la journée que chaque homme devait faire obligatoirement, puis nous verrons dans une seconde partie le repas et les interdictions de ces moines surprenants.

  • La journée de prière
  • Repas et Interdictions
  • Bibliographie

Les Templiers en temps de paix suivent une vie pieuse, où les heures de la journée sont encadrées par les prières. Chaque frère savait exactement à quel moment se réunir tous ensemble grâce à la cloche qui sonnait régulièrement, invitant à la prière.  Les premières prières commençaient très tôt, deux heures avant l'aube. Cela obligeait les moines alors à se lever au milieu de la nuit pour prier. Exception faite pour ceux qui ont travaillé le jour, ou ceux qui sont malades, ceux-là peuvent rester coucher. Chaque frère devait se réunir, muni de leur manteau et chaussure à la chapelle pour prier les mâtines.

Après avoir récité débout treize patenôtres de Notre-Dame (treize pour rappeler les 12 apôtres et le Christ), et treize autres prières pour le saint du jour, les Templiers pouvaient ensuite regagner leur lit. Si certains se rendormaient, le temps de sommeil fut bien court car la cloche sonnait peu de temps après pour une nouvelle séance de prière, à l'heure de prime, l'office qui correspond à la première heure du jour.

Après la messe, le reste de la journée était divisée en « petites heures », avec des temps de prières plus courtes afin d'éviter de trop déranger les activités de tous. On retrouve les tierces, les sextes, les nones etc.  Les frères devaient se tenir « humblement et honnêtement » comme le rappelait la Règle.

Les vêpres marquaient la fin de l'après-midi, et le début de la soirée. Tous le monde devait se réunir pour cette importante prière. Cependant, la Règle prévoyait déjà des exceptions. Les frères qui pouvaient se permettre d'être absent étaient « le frère du four, s'il a les mains dans la pâte, le frère-forgeron s'il a du fer rougi au feu et le frère maréchal-ferrant s'il est train de ferrer le pied d'un cheval ». En somme, les frères qui étaient en train d'exercer une activité, afin d'éviter que ces derniers abandonnent leurs activités, et qu'il y a de la perte. En effet, s'ils arrêtaient, l'ordre perdait du pain, ou du métal qui deviendrait alors inutilisable.

Le repas terminé, les frères se rendaient une dernière fois à la chapelle. L'office terminée, chacun devait à présent garder le silence jusqu'au lendemain matin. Les Templiers retournaient dans leur cellule dormir jusqu'au matin, afin de recommencer un nouveau cycle de prière.

Lorsque l'heure du repas sonnait, tous les Templiers se retrouvèrent ensemble à la même table, qui était recouverte généralement d'une nappe blanche. Au centre se trouvait le commandeur, avec à ses cotés le chapelain. Avant de manger, tous devaient réciter le bénédicité, prière commune que la majorité de la population fit.

Durant le repas, un des frères était chargé de lire les pages de la Bible. La Règle déconseillait alors de parler mais ne l'interdisait pas.  Il était en revanche interdit que quitter la table sans ordre, sauf en cas de saignement de nez, d'incendie ou d'alerte. Une légende raconte que les Templiers mangèrent dans une écuelle pour deux. Il faut y voir ici avant une image du partage plutôt que la réalité historique. En effet, les archives démontrent que les Templiers étaient priés d'avoir sa propre écuelle.

Ces moines-chevaliers passaient beaucoup de temps à la prière, qui leur permettait de soigner leur corps spirituelle, leur âme. Cependant, ils étaient aussi chevalier, et devaient se tenir en grande forme lors des batailles. Ainsi, les repas étaient bien plus riches que les repas traditionnels dans les monastères. La viande était servie trois fois par semaine. Ils recevaient également deux plats différents le dimanche, en l'honneur de la résurrection du Christ (seulement pour les chevaliers et les chapelains. Écuyers et sergents devaient se contenter d'un plat !). La viande était également servie lors des fêtes religieuses telles que Noël, la Toussaint etc. Les autres jours, les frères avaient le choix entre deux et trois plats de soupe ou de légumes.

En ce qui concerne les breuvages, la boisson la plus courante était le vin, partagé équitablement entre tous. Il ne faut pas être surpris car, le vin était la boisson que tout le monde buvait à table. En effet, l'eau, à l'époque, n'était pas pure, et contenait beaucoup de maladie. Le vin était ainsi moins dangereux, à condition de ne pas en abuser ! Même si le vin de l'époque est un vin moins alcoolisé, l'abus de ce dernier peut rendre ivre. Le vendredi, jour de la mort du Christ, les Templiers devait se contenter de poisson ou de volaille. Les jours de jeûne étaient moins sévères que dans les autres ordres, pour la simple et bonne raison qu'il ne fallait pas affaiblir l'armée ! C'est pourquoi lors des jours de jeûnes, les frères devaient tous se contenter d'un repas au lieu de deux.

Les Templiers ne pouvaient quitter la table que lorsque le commandeur ou le chapelain l'autorisait. Ainsi, après avoir rendu grâce à Dieu, chacun retournait à ses occupations. Les restes n'étaient pas jetés, mais redistribués aux pauvres. Les Templiers étaient un ordre riche, mais ne gaspiller pas pour autant leur argent.

En ce qui concerne les interdictions, la Règle se montre assez clair : « il ne convient pas à des religieux de se procurer des plaisirs ». Ils devaient s'habiller simplement, sans transparaître l'orgueil ou la luxure. Les chevaliers ne participaient à aucun tournoi, ni jouer à des jeux d'échecs, ou de dés. La chasse était également interdite à une exception faite : la chasse au lion, présent à l'époque dans le Moyen-Orient, réputé comme un animal dangereux qui peut s'en prendre aux pèlerins. Ainsi, en chassant le lion, ils protégeaient les pèlerins, et respectaient leur but.

En ce qui concerne les femmes, la Règle est encore une fois claire : « La compagnie des femmes est chose dangereuse. Nombreux sont ceux que, par la fréquentation des femmes, le diable a rejeté du droit sentier du paradis. Qu'aucun d'entre vous ne s'égare à embrasser une femme, une veuve, une pucelle, ni sa mère, ni sa sœur, ni sa tante, ni une autre femme ! ». Cette interdiction était la même qu'avait les moines classiques, afin de garder l'esprit pur et pieux. Cependant, nous pouvons douter que certains Templiers se laissèrent séduire par l'attirance des femmes. Si certains étaient très pieux, les plus jeunes devaient l'être un peu moins...

Nous avons donc vu comment fonctionner en partie la vie religieuse en temps de paix chez les Templiers. Nous avons vu en quelque sorte l'agenda des prières, qui encadrait la journée, puis nous avons vu en quoi consistait les repas, ainsi que les interdictions. Cependant, tous les Templiers n'étaient pas de saint homme, respectant toujours à la lettre la Règle. C'est pourquoi nous verrons la prochaine fois les sanctions ordonnés par l'ordre du Temple.

  • DEMURGER Alain, Croisades et Croisés au Moyen-âge, Flammarion, collection Champs, 2006, 410 pages.
  • FLORI JEAN, La croix, la tiare et l’épée : la croisade confisquée, Payot & Rivage, Collection Histoire, 2010, 350 pages.
  • HUCHET Patrick, Les Templiers de la gloire à la tragédie, Editions OUEST-France, Collection Histoire, 2010, 130 pages.
  • BRIAIS Bernard, Les Templiers, France Loisirs, collection Les mémoires du Temps, 2011, 190 pages.
  • Orochti Le Chti templier, Testeur, Chroniqueur, Historien, Star de Youtube Email | Twitter

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