Chronique : L'histoire des templiers - 2ème partie

29 novembre 2012 par Orochti | Chronique historique | Moyen-âge - Les Croisades

Chronique : L'histoire des templiers - 2ème partie

Deuxième partie du dossier sur l'Histoire des Templiers. Retrouvez les précédentes parties par ici : Chronique des Templiers.

Nous avons vu, à la suite de l'appel de Clermont par Urbain II en 1095, bon nombre de gens de tous horizons ont pris les armes pour partir dans ce grand pèlerinage armé, qu'on nommera par la suite les Croisades. Les armées latines arrivèrent en Orient, dans les terres saintes de Palestine, afin d'y chasser les infidèles. Après de multiples batailles, et événements, Jérusalem fut récupérée par le prix du sang de milliers d'hommes.

En 1099, la 1ère croisade est terminée. C'est à la fin de celle-ci que va naitre les Templiers, ce fameux ordre qui est l'objet de cette série de dossiers. Aujourd'hui, nous étudierons d'abord les hommes qui ont fondé l'ordre du Temple, puis nous verrons le Concile de Troyes, qui a marqué officiellement la légalité de cet ordre.

  • Les premiers templiers
  • Le concile de Troyes
  • Bibliographie

Levant 1135-fr À la fin de la Première Croisade, les chevaliers ayant réussi à reprendre Jérusalem des mains des Turcs prirent le chemin du retour. En effet, l'objectif étant de sauver Jérusalem, les chevaliers pouvaient alors retourner dans leurs familles ou s'occuper de leurs titres en ce qui concerne les comtes et ducs. De plus, les états latins d'Orient, composés du comté d'Edesse, de la principauté d'Antioche, du comté de Tripoli et de Jérusalem furent crées et se retrouvèrent unis autour de la couronne du nouveau Roi de Jérusalem.

Ce fut une nouvelle donnée dans la région. En effet, les territoires appartennaient de jure à l'Empire Byzantin dont, rappelons-le, le Basileus Alexis Ier Comnène avait fait appel à l'Occident afin de récupérer ces territoires. Le Basileus se retrouva bien malgré lui sans rien, s'étant fait en quelques sortes "arnaquer". Néanmoins, nous pouvons penser que dans son malheur, le Basileus devait apprécier ces nouveaux voisins, dans le sens où ils se présentaient comme des alliés et non pas une menace comme les Musulmans.

D'autre part, les musulmans chercheront davantage à se venger des croisés de cette prise de Jérusalem, qui, pour eux, est également une ville sainte de l'Islam. C'est pour cette raison que le royaume de Jérusalem fut créé, afin de défendre les nouvelles terres conquises. Godefroy de Bouillon refusa le titre de roi. Son frère, en revanche, fut beaucoup plus intéressé. Ainsi, Baudouin, à l'origine de la création du comté d'Edesse, fut couronné le 25 décembre à Bethléem, ville et date symbolique. Ce roi sera très énergique et durant ses 18 années de règne, de nombreuses batailles et nouvelles conquêtes se feront (1101 : Arsouf et Césarée, 1103 : Acre, 1109 : Beyrouth).

Seulement, si politiquement, les succès s'enchainaient, il faut avouer que la réalité etait un peu plus mitigée. En effet, si la Première Croisade devait venir en aide aux pèlerins de Jérusalem et que la ville fut effectivement prise, les pèlerins en revanche étaient toujours persécutés, maltraités par la population musulmane et/ou des brigands sur la principale voie d'accès à la "cité céleste" (de Jaffa sur la côte en passant par la plaine de Ramleh). Par exemple, en 1119, un groupe de pèlerins subirent une attaque armée meurtrière qui fit couler beaucoup d'encre parmi les chroniqueurs.

D'autre part, le nombre de pèlerins en continuelle augmentation n'arrangea pas les problèmes de criminalités. Malgré la construction de deux monastères bénédictins pour le repos de ces derniers (Sainte-Marie-la-Latine et Sainte-Marie-Madeleine), la situation était vraiment précaire. Ceci poussa certains hommes à se révolter afin de changer cette situation intenables pour les pèlerins.

Ainsi, selon Guillaume de Tyr, chroniqueur du XIIème siècle, vers 1118-1119, un homme décida de créer une sorte "d'escorte armée" afin de protéger les hommes en pèlerinage vers la cité céleste de Jérusalem. Cet homme s'appellait Hugues de Payns. Ce grand seigneur d'origine champenoise avait accompagné à plusieurs reprises son suzerain, le comte Hugues de Champagne, en Terre sainte, avant de s'y fixer définitivement. Il fut accompagné de huit braves compagnons, dont Geoffroy de Saint-Omer, André de Montbard et Archambaud de Saint-Amand. Ils eurent l'appui de Baudouin II, roi de Jérusalem depuis mars 1118 et de Gormond, le Patriarche de Jérusalem. Ces neuf hommes fondèrent alors un embryon de ce qui devint l'ordre des Templiers par la suite, n'étant pour l'instant qu'une simple milice armée, "militia Christi".

Baudouin II cédant une partie de son palais de Jérusalem à Hugues de Payns et Geoffroy de St-OmerCe groupe de neuf hommes semblait être le même, 9 ans après sa création, selon Guillaume de Tyr, mais, nous pouvons douter de ce fait. En effet, cette milice obtint un succès prestigieux. Dès 1120, lorsque le roi Baudouin II de Jérusalem fixa sa nouvel résidence dans la tour de David, il donna son ancienne résidence à ce nouvel ordre. Autre exemple, en 1120 toujours, lorsque Foulques, le comte d'Anjou se rendit en pèlerinage, il fut hébergé chez les Templiers, et à son départ, leur donna une somme d'argent assez importante. Ainsi, l'ordre prit peu à peu de l'ampleur, et gagna du prestige.

Cependant, le problème de sécurité en Terre sainte ne fut pas résolu, à cause du manque d'effectifs face aux armées musulmanes.

Hugues de Payens, premier grand-maître de l'ordre du TempleAprès avoir reçu la permission du roi de Jérusalem, Hugues de Payns décida de rentrer en Europe, afin de recruter de nouveaux membres. Il partit avec 5 compagnons : Geoffroy de Saint-Omer, Archambaud de Saint-Amand, Payen de Montdidier, Geoffroy Bisol et un certain Roland. Outre cet aspect de recrutement massif à la défense des nouveaux États Latins, Hugues de Payns souhaitait également venir confirmer l'ordre devant l'Eglise.

Mais, cet ordre laisse à débattre. Comment un ordre religieux, monastique qui plus est, put également prendre les armes ? De plus, nous l'avons vu, Urbain II avait déjà refusé à des moines de prendre les armes pour la croisade. Pourquoi cet ordre serait-il exempt ? De plus, la société médiévale est une organisation tripartite défini par Adalbéron, l'évêque de Laon dans les années 1030 :

« Chacun dans le monde occupe une place voulue par Dieu ; chacun est ordonné en vue d'une des trois fonctions que l'homme peut remplir dans la société : prier, combattre, travailler ». 

Toujours est-il que le groupe de six hommes arrivèra à Troyes, où eut lieu un concile le 13 janvier 1129. De nombreuses personnalités furent présentes : le cardinal Mathieu d'Albano (légat du pape), deux archevêques (Reims et Sens), huit abbés dont ceux de Cîteaux, Harding, Vézelay, Molesmes, Pontigny et Clairvaux, qui était en réalité le fameux Saint Bernard. Du coté des laïcs, le comte Thibaud II de Champagne et Guillaume II, comte de Nevers furent présents également.

Durant ce concile, outre les canons religieux posés de l'époque, il fut question de fournir à l'ordre du Temple une règle qui respecterait le droit monastique et celui des combattants. La Règle comportait à l'origine soixante-douze articles, dont les huit premiers consacrés aux devoirs religieux. Ainsi, les Templiers devront, comme pour les moines, prononcer des vœux de pauvreté, chasteté et obéissance. Ces "chevaliers du Christ" reçurent également la permission de porter le manteau blanc, symbole de la chasteté, couleur de l'innocence et de la pureté mais aussi et surtout la réconciliation avec Dieu.

« À tous les frères chevaliers, nous permettons de porter le blanc manteau en hiver comme en été. Personne d'autre, s'il n'est chevalier du Christ, ne peut porter le blanc manteau. Mais ce manteau doit être sans ornement superflu et arboré sans orgueil. Qu'aucun frère n'y ajoute de fourrure ni de pelisse. Que les yeux des envieux ne soient attirés par quelque fantaisie sur ces habits qui ne doivent être ni trop longs ni trop courts. » (Règle primitive, article 27-29)

Cette Régle fut soumise, pour approbation, au patriarche de Jérusalem Étienne de Chartres. Elle fut publiée en latin vers 1130, puis traduite en français 10 ans plus tard et complétée ensuite par d'importantes bulles papales, comme celles prononcées par Innocent II le 29 mars 1139 (Omne datum optimum) et le 7 avril 1145 (Militia Dei). Plus tard, les Retraits consignés par écrit en 1165, préciseront tous les usages en vigueur au Temple.

Est-ce que ce groupe de six hommes a-t'il rencontré le Pape Honorius II lors de ce retour en Europe ? Sans doute, mais rien n'est bien sûr. Toujours est-il que le concile de Troyes marqua une étape décisive dans l'ordre du Temple, affirmant alors la fameuse Règle des Templiers. Désormais, l'ordre des Templiers était reconnu. Hugues de Payns continua ensuite sa tournée en Europe, afin de recruter un maximum de recrues pour venir défendre les pèlerins, et défendre les Etats latins d'Orient. Ce projet etait appuyé par Saint Bernard, qui défendait et propageait les idées de cet ordre, donnant une image quasi-légendaire à ce groupe d'hommes moine-soldats.

  • DEMURGER Alain, Croisades et Croisés au Moyen-âge, Flammarion, collection Champs, 2006, 410 pages.
  • FLORI JEAN, La croix, la tiare et l'épée : la croisade confisquée, Payot & Rivage, Collection Histoire, 2010, 350 pages.
  • HUCHET Patrick, Les Templiers de la gloire à la tragédie, Editions OUEST-France, Collection Histoire, 2010, 130 pages.
  • BRIAIS Bernard, Les Templiers, France Loisirs, collection Les mémoires du Temps, 2011, 190 pages.
  • Source des images : Wikipédia
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