L’archéologie américaine inquiète de la propagation des fausses nouvelles

Thématique
Archéologie
26 avril
2019

Problème récurrent de ces dernières années, le phénomène des fausses nouvelles continue de prendre l’ampleur en touchant tous les domaines, et l’archéologie n’y fait pas exception.

La pseudo-archéologie surfe sur la vague des théories alternatives et infecte une part toujours plus importante du grand public : la revue Science rapportait la semaine passée le résultat alarmant du Survey of American Fear, sondage réalisé par une université de Californie.

Selon ce sondage, plus de 40% des américains croient fermement à une visite de la Terre par des aliens dans le passé, soit près de deux fois plus qu’en 2016, et 57% croient à l’existence de l’Atlantide où d’autres civilisations mythiques (+17% par rapport à l’édition 2016 du même sondage).

D’après David Anderson, professeur d’archéologie à l’université Radford en Virginie, « Je ne sais pas trop ce qui entraîne la hausse de ces idées, mais des émissions de télé les propagent, ainsi qu’Internet ».

Difficile en effet de ne pas pointer du doigt le rôle prépondérant d’internet et de son rôle de vecteur pour relayer absolument tout et n’importe quoi, même les pires idées, et dont le rôle est central avec la multiplication des supports et des réseaux sociaux depuis les quinze à vingt dernières années.

Aux Etats-Unis, le phénomène est particulièrement bien installé : ainsi l’émission Ancient Aliens, diffusée sur History, est à sa 13e saison, dénotant un intérêt certain du public.

En Europe, le phénomène est tout aussi ravageur : ainsi les thèses du britannique Graham Hancock font fureur dans le milieu, propageant l’idée que des civilisations avancées ont précédé l’homme sur la Terre.

En France, nous avons le triste privilège de voir des pseudos-documentaires tels que La Révélation des Pyramides toujours diffusés à l’antenne de la chaîne RMC Découverte, malgré un discours consternant et constellé de sophismes, d’incohérences et d’affirmations fausses.

Encore récemment, des militants « antiracistes » ont tenté de faire interdire et fermer l’exposition Toutankhamon, actuellement présentée à la Villette, décrétant que l’Égypte ancienne était noire et que la science occidentale cherche à le cacher délibérément.

Plus généralement et quelque soit le pays, les courants de pseudo-archéologie se nourrissent de l’ignorance du grand public pour les buts, les méthodes et les résultats de la recherche historique et scientifique ; et se justifient presque invariablement en se posant comme une alternative, sans jamais prouver leurs idées.

En attendant d’y trouver une solution ou un réveil bien tardif des pouvoirs public, le congrès de la Société Américaine d’Archéologie consacrera son ordre du jour à la pseudo-archéologie.

Rappelons aussi que non content de propager des stupidités sous couvert de « recherche alternative », la pseudo-archéologie a également pour pouvoir de fédérer les imbéciles : la revue Sciencea signalé que toutes les femmes interviewées pour son article ont par la suite été victimes de harcèlement en ligne, après qu’elles se soient exprimées contre ces interprétations fantaisistes de l’Histoire et de la science.