Merveilles de l'Egypte ancienne (2/3) : les trésors cultuels !
Après le précédent article sur les trésors funéraires, partons maintenant à la découverte des trésors cultuels !
La religion tenait une place prépondérante dans la vie quotidienne des anciens égyptiens. Une multitude de dieux hybrides étaient vénérés - certains l'étaient sur l'ensemble du territoire, d'autres l'étaient seulement dans certaines localités - d'où cette multitude parfois déconcertante de divinités. Difficile de s'y retrouver pour les reconnaître !
Les trésors cultuels – liés au culte – étaient entreposés dans l'enceinte des temples. Ceux-ci pouvaient avoir une fonction bien précise : à l'attention d'une divinité en particulier, pour dissimuler des statues sacrées soit lors de périodes de troubles ou tout simplement lorsque la place vient à manquer... voyons cela de plus près.
Le trésor du temple de Montou à Tôd
Tôd est une ville située en Haute-Egypte non loin de la capitale Thèbes. Montou, dieu hydride – humain et animal à la fois – au corps humain mais à la tête de faucon, était vêtu d'un corset de plumes et portait une coiffe particulière : un disque solaire surmonté de deux hautes plumes droites, orné de deux uraei (cobras).
Dans l'enceinte de son temple, un trésor a été retrouvé sous les dalles du sol. Quatre coffres en bronze (deux grands et deux petits) contenaient un ensemble d'objets dont 153 coupes d'argent ! Le trésor a été divisé en deux : une partie est conservée au musée du Louvre tandis que l'autre l'est au musée égyptien du Caire.
Vous pouvez voir ci-dessous les quatres coffres du trésor le jour de leur découverte à leur place originelle. Le trésor a été découvert précisément le 8 février 1936 à 16h, précision oblige !
Ce trésor peut nous sembler au premier abord bien banal. Cependant, les 153 coupes en argent participent de son importance. L'argent était pour les anciens égyptiens un matériau bien plus rare que l'or. La Nubie, au sud de l'Egypte, regorgait de mines d'or. L'argent était quant à lui absent des nombreuses richesses du sol égyptien. Il était donc nécessaire de l'importer de Grèce ou d'Anatolie (actuelle Turquie). Une si grande quantité d'argent concentrée en un seul et même endroit n'est donc pas banal.
Fait étonnant, les coupes ont toutes été retrouvées pliées et soigneusement aplaties. Leur remise en forme, en volume, a nécessité l'intervention d'un restaurateur.
Les autres objets composant cette trouvaille étaient des sceaux-cylindres en lapis-lazuli – matière importée à l'époque d'Afghanistan – et des perles.
La fonction précise de ce trésor n'est pas encore clairement définie. Ces objets auraient-ils été rassemblés en un même lieu seulement pour leur matière ? Est-ce que le métal aurait pu être ultérieurement destiné à être fondu ou bien est-ce une simple thésaurisation pure d'un métal rare ? Beaucoup de questions restent en suspens.
Ce trésor est particulièrement intriguant. Il n'offre aucun autre parallèle semblable en Égypte, même au-delà si ce n'est celui de Troie (III° millénaire av. J.-C.) par la présence de vaisselle d'argent !
La "cachette" du temple d'Amon-Rê à Karnak
Autre trésor bien particulier à découvrir, celui de la "cachette" du temple d'Amon-Rê de Karnak à Thèbes.
Un des plus grands sanctuaires d'Egypte, Karnak a été fondé vers 2000 av. J.-C. et connut plusieurs périodes de grandeur. Dédié à Amon-Rê, un des dieux les plus importants et les plus connus, le clergé, ayant la charge du culte, resta longtemps à la tête de la capitale Thèbes et fut une des principales puissances économiques et politiques du pays.
Découvert de façon inopinée le 26 décembre 1903 par l'égyptologue Georges Legrain, le trésor fut une mine considérable d'informations.
Voulant dégager les vestiges des remblais, des ouvriers découvrirent dans la cour du VIIe pylône, une stèle du pharaon Séthi Ier (père du célèbre Ramsès II) couchée juste sous le niveau du sol antique. Son dégagement entraîna la découverte de trois autres statues sous elle puis ce fut sans discontinuer la mise au jour d'autres objets au fur et à mesure des dégagements successifs.
En trois campagnes de fouilles, cette cachette révéla en tout 780 statues et stèles et 17000 bronzes !
Toutes les périodes, du Moyen-Empire (2050-1700 av. J.-C.) à l'époque ptolémaïque (332-31 av. J.-C.) sont représentées !
Beaucoup d'interrogations subsistent ! Quelles sont les raisons de cet enfouissement. Est-ce une cachette de guerre lors des derniers sièges de Thèbes suite aux invasions, est-ce une cachette créée en une fois alors qu'elle est composée d'objets de différentes époques ?
Mine d'informations inespérée, cette cachette a révélé des rois jusqu'alors inconnus par la présence de leur noms inscrits sur les statues ainsi que des formes divines nouvelles.
Aubaine ou pur hasard, cette cachette est un véritable trésor pour les archéologues ! Les questions restent ajourd'hui toujours ouvertes !
La "cachette" du temple d'Amon à Louxor
Un dernier trésor cultuel est celui de la cachette du temple d'Amon à Louxor.
Pour l'anecdote, voici le premier pylône dont il ne reste plus qu'un seul obélisque, le deuxième trônant sur la place de la Concorde à Paris depuis 1831.
L'archéologie est faite de surprises bien agréables. Lors de "sondages de routine" dans la cour d'Amenhotep III, le 22 janvier, "par hasard, les travailleurs touchèrent à la base de diorite d'une statue et peu à peu, se dessinèrent les contours de la plus imposante des statues, celle d'Aménophis III".
26 statues d'une qualité exceptionnelle ont ainsi été extraites après deux mois de travail. Des divinités comme Hathor et Amon-Kamoutef ou encore des pharaons comme Horemheb ou Aménophis III sont à l'effigie.
Un arrêt désormais incontournable à Louxor ce doit d'être le musée de Louxor dont une salle est entièrement consacrée à l'ensemble de ces statues.
Quel n'est pas le destin fabuleux de statues adorées, enfouis, oubliées puis enfin retrouvées et depuis de nouveau offertes à la contemplation de chacun tout comme ces véritables trésors cultuels sans aucun contexte archéologique et dont on peut admirer dans les musées leur facture exceptionnelle.
- Crobate Contributeur
- "Que ton coeur ne soit pas altier à cause de ce que tu sais; n'emplis pas ton coeur du fait que tu es un savant. Discute avec l'ignorant de la même façon qu'avec de l'homme ayant des connaissances; car on n'a jamais atteint les limites d'un art, et nul artisan n'est pourvu d'excellence. Une parole heureuse peut être dissimulée plus que l'émeraude, on peut la trouver parmi les servantes penchées sur la meule." - (Max. 1). L'art de vivre du vizir Ptahhotep.