Cortès face à l'Empire aztèque, en route pour Tenochtitlan !

Le Spartiate
Thématique
Civilisation précolombienne
2 mai
2016

Retrouvez les précédents articles sur les Aztèques :

L'Empire aztèque fut l'une des plus grandes et des plus puissantes civilisations d'Amérique centrale mais aussi l'une des plus fragiles de part sa cruauté envers les nombreuses populations qu'elle dominait. Effectivement, ces dernières n'attendaient que le bon moment pour se révolter contre cet oppresseur sanguinaire.

L'occasion de la délivrance tant attendue arriva lors du débarquement de ces étranges hommes blancs bardés de fer et de bâtons crachant des flammes ayant pour chef un certain Hernan Cortès...

L'Empire aztèque avant la conquête espagnole

Les Aztèques ou Mexicas en 1519, date à laquelle les Espagnols débarquent sur le continent, possèdent un empire au faîte de sa gloire. Sa capitale, Tenochtitlan compte 500 000 à 1 000 000 d'habitants, elle est alors resplendissante.

L'Empire  aztèque avant l'arrivée des Espagnols.
L'Empire aztèque avant l'arrivée des Espagnols.

Cette immense cité a la particularité d'être bâtie sur une petite île du lac Texcoco. Ce dernier fut partiellement asséché pour l'édification des nombreux bâtiments et des infrastructures.

Cet assèchement permit de faire surgir de terre d'imposants monuments. Les rues, pavées, facilitaient l'installation de la population et la venue de nombreux marchands de toute la région. Ceux-ci proposaient sur leurs étals beaucoup de produits en provenance des quatre coins de l'empire. On pouvait y trouver du cacao, des plumes multicolores, toutes sortes de denrées mais aussi des pierres précieuses. Tous ces éléments faisaient de cette cité-Etat un carrefour important pour le commerce dans cette région du monde.

Représentation  d'un marché aztèque à Tenochtitlan.
Représentation d'un marché aztèque à Tenochtitlan.

Mais Tenochtitlan était avant tout un centre religieux où de nombreux temples étaient édifiés en l'honneur des dieux buveurs de sang du panthéon aztèque. Pour apaiser ces terribles divinités des sacrifices humains sanglants étaient réalisés très régulièrement.

Les Mexicas étant très versés dans l'art de l'astronomie, ils limitèrent leur capitale à l'intérieur d'un tracé orthogonal représentant le cosmos, avec en son centre un grand temple reposant au sein d'une enceinte sacrée, les Aztèques l'appellent : « le nombril du monde ».

Carte de 1524 de l'imposante  cité de Tenocthtitlan, réalisée à partir d'un croquis des conquérants espagnols. Au centre de la  ville, le nombril du monde et son imposant temple.
Carte de 1524 de l'imposante cité de Tenocthtitlan, réalisée à partir d'un croquis des conquérants espagnols. Au centre de la ville, le nombril du monde et son imposant temple.

Quant aux habitants, ils vivent dans des petites maisons et possèdent des parcelles afin de cultiver leurs légumes le long des canaux où l'on pouvait tout à fait naviguer sur des pirogues. Ce mot d'origine maya « piragua » désignait une petite embarcation. Toute cette population est bien nourrie du fait d'un système de culture efficace appelé les trois sœurs associant le maïs, la courge et le haricot. Cette technique héritée des Mayas est connue sous le nom de milpa. Elle permet à chacune de ces espèces de bénéficier des caractéristiques de ses voisines et ainsi se développer beaucoup plus rapidement.

Par conséquent les Aztèques, malgré les sacrifices humains qu'ils exécutaient à outrance, étaient loin d'être des « sauvages » ne connaissant ni le raffinement ni la capacité d'organiser une société complexe. Bien au contraire, la construction de Tenochtitlan relève d'un génial tour de force.

Portrait de Moctezuma  II par Antonio Rodriguez. Il régna de 1502 à 1520.
Portrait de Moctezuma II par Antonio Rodriguez. Il régna de 1502 à 1520.

Cette civilisation avait une capacité d'organisation et de discipline capable de bâtir une immense cité lacustre et de nourrir correctement son demi-million d'habitants grâce à un système ingénieux de culture et de canaux. Rappelons que les habiles ingénieurs aztèques ne connaissaient pas la roue et ne disposaient d'aucune bête de somme pour réaliser ces travaux colossaux.

De part la puissance de leur cité et d'une forte démographie, les Mexicas ont pu dominer une bonne partie de la Mésoamérique et régner sur 25 millions de sujets.

En 1519, l'empereur aztèque Moctezuma II peut se féliciter d'être à la tête du plus puissant empire de la région.

Mais le souverain est inquiet car selon les croyances, le monde est voué à la destruction. Sous cette ère du cinquième soleil, Moctezuma s'empresse de nourrir de sang humain cet astre belliqueux. Cela lui redonne l'énergie dont il a besoin pour continuer son combat contre les ténèbres, permettant ainsi de repousser l'échéance de la catastrophe.

Malheureusement, l'apocalypse est inéluctable.

Le destructeur d'un monde, Hernan Cortès

L'homme qui va défier l'Empire aztèque s'appelle Hernan Cortès. Ce dernier est issu de la petite noblesse Castillane, il a notamment étudié deux ans à l'université de Salamanque, l'une des plus prestigieuses d'Espagne. Il y apprend le latin et la rhétorique, les bases essentielles pour l'éducation d'un capitaine éloquent et meneur d'hommes.

Hernan  Cortès, le conquistador qui va défier l'Empire aztèque.
Hernan Cortès, le conquistador qui va défier l'Empire aztèque.

D'un tempérament aventureux, celui-ci décide de s'embarquer pour le Nouveau Monde, afin de trouver gloire et richesse. En 1511, il conquiert Cuba sous les ordres de Diego Velázquez de Cuellar. Ce dernier devient par la suite le gouverneur de l'île. Quant à Cortès il obtient de nombreux esclaves et des terres, mais cela ne lui suffit pas. Le conquistador a eu vent d'histoires colportées par d'autres aventuriers espagnols affirmant que de nombreuses richesses provenant d'un mystérieux empire se trouveraient sur le nouveau continent.

Velázquez intrigué lui aussi par ces récits, confie une expédition à Hernan Cortès, puis il se ravise de peur que ce dernier échappe à son contrôle. Mais il est trop tard, le conquistador prend le large avant que les hommes du gouverneur ne l'arrête.

Ainsi, ce 18 février 1519, 11 navires, 600 soldats, une centaine de marins, 16 chevaux, 14 canons, 32 arbalètes et une poignée d'arquebuse prennent le large pour découvrir les terres encore inexplorées du Mexique.

Lors de son périple en mer, l'aventureux conquistador recueille Jéronimo de Aguilar un marin espagnol qui avait fait naufrage quelques années auparavant et parlant le maya. Ses compétences vont pouvoir se révéler utiles auprès des peuples autochtones.

L'expédition fait ensuite escale à Tabasco, dans le Sud-est du Mexique actuel. Les Espagnols font connaissances avec les Mayas Chontal de Potonchan, puis le chef autochtone leur offre une esclave amérindienne, du nom de Malintzin, cette dernière parle le maya et aussi le nahuatl, la langue aztèque. Cortès en fait son interprète officielle auprès des différents peuples rencontrés. Elle devient aussi sa maîtresse.

Peinture murale par Desiderio Hernandez Xochitiotzin. Malintzin  au centre, permet à Cortès de communiquer directement avec les  peuplades autochtones.
Peinture murale par Desiderio Hernandez Xochitiotzin. Malintzin au centre, permet à Cortès de communiquer directement avec les peuplades autochtones.

Continuant son périple, la petite troupe installe son campement plus au Nord, non loin de la cité de Cempoala appartenant aux Totonaques subissant depuis peu le joug des Mexicas. Le conquistador décide alors de libérer les peuplades totonaques du tribut qu'elles doivent à l'Empire aztèque, en contrepartie celles-ci devront prêter serment au roi d'Espagne.

De plus, Cortès n'hésite pas à évangéliser les peuplades qu'ils rencontrent. Il met à terre les idoles païennes et interdit le sacrifice humain qui horrifie les Européens. Les Totonaques se convertissent plus ou moins à la religion catholique.

Après tout Cortès n'est-il pas un demi-dieu revenu du fond des âges pour abattre l'Empire aztèque ? Ou est-il un destructeur qui va précipiter le monde à sa fin ? Les Totonaques se posent de nombreuses questions, mais ils veulent avant tout se débarrasser des Mexicas.

Par la suite, l'Espagnol fonde Vera Cruz où il est nommé capitaine général par ses soldats, ce qui lui donne droit à un cinquième du butin capturé, le reste allant à la couronne d'Espagne. Afin d'officialiser sa mission, il envoie des messagers auprès de son roi.

En agissant de la sorte, il outrepasse les ordres Velazquez, celui-ci ne lui avait confié qu'une simple expédition de reconnaissance. Cortès a désormais son destin en main. Les bateaux sont sabordés afin d'éviter tout retour.

Les Espagnols et leurs nouveaux alliés vont alors effectuer un périple de 400 km pour atteindre Tenochtitlan. Le corps expéditionnaire perd 10% de ses effectifs dès les premières semaines, mais la volonté des Européens ne fléchit pas, ils ont Dieu de leur côté.

Atlantes de Tula
Le périple de Cortès et de ses alliés.

Les Aztèques sont au courant de la venue de ces étrangers, ils ne savent pas quelle attitude adopter. Faut-il les capturer ? Faut-il les honorer ? Sont-ils des dieux ? L'empereur ne sait qu'une chose à propos de ces hommes blancs, ils sont extrêmement puissants et rien ne les arrête. En effet, le peuple belliqueux des Otomis, qui a eu le malheur de se mettre en travers du chemin de Cortès, s'est totalement fait annihilé. Voyant cela, de nouveaux alliés se joignent aux Espagnols, les Tlaxcaltèques, ce sont les pires ennemis de l'empire aztèque.

Apprenant cela, Moctezuma n'hésite pas à envoyer des ambassadeurs pour offrir à Cortès de nombreux cadeaux. Mais ce dernier, ne veut qu'une seule chose, entrer dans la capitale, Tenochtitlan. L'empereur refuse alors obstinément que les Espagnols foulent le sol sacré de sa cité.

Cortès et ses alliés n'en ont que faire, ils décident de continuer leur périple coûte que coûte. En chemin ils s'arrêtent à Cholula, qui se trouve être la deuxième plus grande ville de l'Empire, celle-ci compte en effet plus de 100 000 habitants fidèles à l'Empire aztèque.

La petite troupe est accueillie par les chefs de la cité, ceux-ci leurs promettent l'hospitalité. En revanche, les Tlaxcaltèques doivent rester en dehors de Cholula, car ceux-ci sont considérés comme des ennemis par les habitants.

Le  massacre de Cholula par Félix Parra
Le massacre de Cholula par Félix Parra

Selon certaines sources, la Malinche (hispanisation de Malintzin), la maîtresse de Cortès l'aurait averti qu'une embuscade des Mexicas se préparait tout près d'ici. Le capitaine espagnol, afin d'éviter que sa troupe ne se fasse attaquer, ordonne de piller la ville. Les Tlaxcaltèques s'en donnent à cœur joie, et ce ne sont pas moins de 6 000 civils qui périssent sous les coups de leurs adversaires. Cholula est totalement mise à sac pendant deux jours.

Quant aux 20 000 soldats aztèques cachés dans la forêt tropicale, on n'en trouve aucune trace. Cette information, était-elle fausse ? Serait-ce un coup monté des Tlaxcaltèques qui haïssaient les Cholultèques ? Les sources se contredisent.

Après ce massacre, plus rien ne peut arrêter Hernan Cortès. Les portes de Tenochtitlan sont désormais à sa portée. Quant à Moctezuma, il craint ces hommes blancs comme s'ils étaient les annonciateurs des ténèbres et de la destruction tant redoutées par les Aztèques...

La suite dans cet article : La chute de l'Empire aztèque, le crépuscule d'une civilisation sanguinaire et raffinée

Bibliographie

  • Danièle Dehouve, Anne-Marie Vié-Wohrer, Le monde des Aztèques, Riveneuve, 2008, 335 pages.
  • Alfonso Caso (auteur), Bernard Dubant (Traduction), Le Peuple du soleil, la Religion aztèque, Guy Trédaniel éditeur, 1995, 133 pages.
  • Marianne Mahn-Lot, La conquête de l'Amérique Espagnole, Presses Universitaires de France - PUF, 1996, 127 pages.
  • John Pohl, Aztec Warrior AD 1325-1521, Osprey Publishing, 2001, 64 pages.
  • Arnaud Blin, Les batailles qui ont changé l'histoire, Perrin , 2014, 418 pages.

Image illustrant cet article : The Cholula Massacre par Kamikazuh.

  • Brasidas Ancien membre d'HistoriaGames
  • "Les Spartiates ne s'inquiètent pas de savoir combien sont les ennemis, mais seulement où ils sont !" Cléomène III