Les annales de la compagnie wisigothique - Chapitre V

El Presidente
Thématique
21 mars
2015

Nous poursuivons les aventures de la compagnie wisigothique avec le deuxième chapitre. Pour rappel, mon objectif est de raconter ma campagne avec les Wisigoths d'une manière romancée en étant le plus proche possible de la réalité historique, tout en y incorporant des éléments de fiction : Les Annales de la compagnie wisigothique, une chronique nommée ainsi en hommage au romain de Glen Cook.

Liste des épisodes

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Chapitre V
Un hiver douloureux

Nous sommes à l'hiver de l'année 401, nous venions d'apprendre une mauvaise nouvelle. Les Alains venaient de disparaître, un premier peuple anéanti par ces maudits Huns... Nous craignons de subir le même sort, d'autant plus que les Huns semblaient nous suivre dans notre fuite vers le sud-ouest.

Cet hiver fut rude, nombreux furent nos vieillards tombés sous le froid glacial dans cette chaîne de montagne qui semblait ne pas avoir de limites. Nous passâmes près de Virunum, mais les Huns étaient bien trop proches de nous pour attaquer cette petite cité romaine. Alaric préféra poursuivre la route plus au sud, vers Aquileia.

L'armée des Morts installa son campement à proximité, laissant à notre compagnie le soin de piller allégrement la cité portuaire. Les défenses n'étaient pas bien importantes, mais l'hiver avait émoussé nos hommes si bien que l'assaut ne fut pas couronné de succès. Oh, les Romains avaient bien entendu été battus, je vous rassure, mais nous subîmes tout de même de lourdes pertes. Sur nos 30 000 hommes engagés dans le combat, près de 6000 perdirent la vie.

Pourtant, tout avait bien commencé, nos onagres avaient commencé à détruire la tour qui nous faisait face. Comme à leur habitude, les Romains envoyèrent leur cavalerie suicidaire sur nos archers. Ces derniers avaient reçu l'ordre de fuir si l'ennemi approchait trop près. Nos lanciers prirent leur place pour accueillir les equites. La routine quoi. Seulement voilà, nos éclaireurs devaient cuver ou je ne sais quoi, mais aucun d'entre eux ne nous avait averti du débarquement d'une flotte romaine à l'arrière de nos positions. Et là, ce fut la panique générale. Les Romains mettaient déjà en pièce nos onagres lorsque Alaric ordonna à nos troupes de les charger. La bataille fut finalement remportée, mais nous avions failli perdre nos onagres. Nos lanciers germaniques payèrent le plus cher durant les combats, suivis de nos cavaliers. À noter tout de même, la bonne attitude de nos brigands germaniques montés qui venaient d'être recrutés, et qui firent bonne figure durant la bataille.

La cité fut pillée. Alaric décida de prendre un otage, un certain Gébéric, membre de la haute noblesse romaine, mais je ne peux pas vous dire dans quel but, je n'ai pas était tenu au courant. Nous partîmes rejoindre Ataulf et ses forces pour poser notre campement. Mais, vous n'imaginez pas la colère d'Alaric après que les tentes furent installées. Nos éclaireurs, pourtant compétents, subirent un sale quart d'heure. Ils reçurent chacun cinquante coups de fouet.

Une paix salvatrice

Le printemps arriva. Notre compagnie fut mise au repos dans le nord de la botte italienne. Ataulf fut chargé de mener des raids, son armée ayant moins souffert de l'hiver. Il s'attaqua à Verona. Contrairement à nous, Ataulf et ses hommes remportèrent un succès plus honorable avec des pertes bien plus faibles.

L'été fut également tranquille pour nous. Ataulf menait des pillages dans la région, pendant que nous soignons nos plaies. Un second espion, Alatheus, fut recruté. Nos espions avaient pour objectif de surveiller les Romains au sein de leur propre empire. En effet, c'était bizarre qu'aucun d'entre eux ne nous ait attaqués, préférant nous laisser piller leur cité comme bon nous semblait.

Notre camp de nobles fut enfin terminé, nous n'avions pas pu le finir à cause de notre fuite face aux Huns. D'ailleurs, ces derniers ne donnaient plus signe de vie. Les Quades, bien que furieux à la suite de notre départ, nous indiquèrent que les Huns ne les avaient pas attaqués. Ils étaient plutôt à la recherche de Goths. Cela pouvait être nous, ou bien nos frères Ostrogoths.

En parlant d'eux, ceux-ci surgirent durant la saison automnale pour piller Verona, ce que nous avions déjà fait quelques mois plus tôt. Ils nous demandèrent de les aider, mais chose surprenante, Alaric refusa. La colère commençait doucement à gronder parmi nos peuples. Beaucoup avaient des amis ou de la famille chez les Ostrogoths. Même moi fus surpris d'une telle décision. J'en informai Alaric qui me renvoya aussitôt à ma paperasse, me signalant que je saurais tout en temps voulu...

Les Ostrogoths remportèrent tant bien que mal leur bataille et ce fut à ce moment que les Huns leur tombèrent dessus. Une nouvelle fois, ils appelèrent notre aide, et une fois de plus Alaric refusa. Difficile de dire si nous pouvions remporter la victoire, mais face à leur cavalerie, nous aurions eu d'énormes difficultés. Les Huns passèrent à l'attaque et anéantir l'armée ostrogothe sous nos yeux ébahis. Notre ébahissement s'accentua lorsque les Huns repartirent là d'où ils venaient sans nous prêter attention. Je retournai voir Alaric pour demander des explications et cette fois-ci, il me révéla la cruelle vérité. Il avait pactisé avec le diable afin d'assurer la survie de notre peuple. Il avait versé 5500 pièces d'or, soit toute notre économie, aux Huns afin de conclure une paix. J'étais sous le choc, mais je comprenais sa décision. C'était beaucoup d'argent, mais nos caisses retrouveront très vite de leur éclat après quelques pillages, notamment celui tant attendu de Rome...

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Mais que font les Romains ?

Mais avant cela, Ataulf se lança dans le siège de Mediolanum. Le siège dura trois saisons durant lesquelles on s'ennuyait dans la Compagnie noire. Nous étions au repos forcé alors que nos camarades assiégeaient une cité romaine. Alaric et Amalasuintha eurent un fils, Saphrax. Même cas de figure pour Ataulf et Veneranda avec la naissance de Sigeric.

Nous apprîmes par un corbeau blanc que les Ostrogoths avaient été anéantis par les Romains. Ces maudits barbares allaient bientôt subir notre courroux ! Un autre message nous parvint dans lequel l'Illyrie nous déclarait la guerre. Alors que nous étions en pleurs après la disparition de nos frères goths, nous retrouvions le sourire avec cette déclaration de guerre, les Illyriens ne représentaient pas un danger pour nous, ils étaient bien trop loin de notre position. De plus, les Macédoniens, les Iazyges, les Quades, et les Jutes acceptèrent de nous rejoindre dans cette ridicule guerre.

Ataulf attendit l'été de l'année 402 pour lancer l'assaut sur la cité de Mediolanum. La cité fut pillée et rasée et aucun Romain n'était encore à l'horizon. Les choses continuèrent ainsi jusqu'à l'été 403. Pendant près d'une année, nous avions renforcé nos armées, Wittiza et Wallia apprirent qu'ils avaient engendré des bâtards et Alaric décida de faire construire un enclos à mouton afin de limiter la pénurie alimentaire dans la Compagnie noire.

Nous marchons vers Genua lorsque, enfin, ils apparurent. Mais ils étaient un peu trop nombreux, nos espions nous avaient prévenus de l'arrivée des Romains, mais pas en si grande quantité. Ainsi cinq grandes armées romaines nous faisaient face et l'on ne pouvait rien y faire, la fuite nous était obligatoire. Nous nous dirigeâmes alors vers Aquileia. Nos espions protégeaient notre fuite en fourvoyant avec succès les armées romaines.

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Ils sont fous ces Romains

C'était déjà l'hiver. Wulfila, notre espion, tenta d'assassiner un Romain. Le bougre réussit à blesser sa cible. Mais le plus incroyable, il apprit dans sa fuite qu'il s'agissait ni plus ni moins de l'empereur Flavius Stilicho ! Ce Wulfila nous étonnera toujours... Mis à part cette nouvelle, Wallia eut deux nouveaux bâtards.

Les Romains occupaient Genua à plusieurs mois de marche de notre position, on ne risquait rien, mais la botte italienne nous était interdite. Ataulf, durant le printemps de l'année 404, s'ennuyait. Il alla avec ses hommes raser la cité d'Aquileia qui avait déjà souffert de notre passage quelques années auparavant.

Un jour, un gars dénommé Hethin attira l'attention d'Alaric sur des réunions secrètes organisées par ses rivaux qui lui vouaient une haine mutuelle. Il fut courageux notre chef puisqu'il alla à la rencontre de ces conspirateurs. Il tua leur complot dans l’œuf en le perçant à jour. Il ordonna tout de même à ses plus proches conseillers de garder un œil sur ceux qui conspiraient en secret. Un accident pouvait très vite arriver.

Durant l'été 404, les Gaulois, qu'on pensait disparus, nous proposèrent une alliance défensive contre 1000 pièces d'or. Alaric accepta, c'était toujours bon à prendre. Les généraux romains continuaient de subir une vague de tentative d'assassinat. Certains avec plus de réussite que d'autres.

Ce fut durant l'automne que les Romains passèrent à l'attaque, certainement exaspérés par ces assassinats. Ils se regroupèrent autour de Ravenna, au sud de notre position. La Legio III Augusta tenta seule une approche, Alaric envoya la Compagnie noire l'attaquer, mais les Romains prirent la fuite.

Au tour des Romains de passer à l'attaque, il était impossible de les combattre près de Ravenna. Nous devions une nouvelle fois fuir pour les combattre là où nous pourrions avoir l'avantage. Surtout que nous étions en nette infériorité numérique. Les finances étant de nouveau saines, il était temps de recruter des troupes. Nous fîmes alors appel à des mercenaires, notamment des ballistarii.

La fuite nous étant cette fois-ci impossible, il nous fallait coûte que coûte passer à l'attaque. Une attaque qui allait sceller notre destin et celle des Romains. 80 000 Wisigoths prêts à mourir pour la survie de notre peuple, face à 125 000 Romains prêts à mourir pour la survie de leur Empire...

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  • Aymdef El Présidente, Rédacteur en chef, Testeur, Chroniqueur, Historien Email | Twitter
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