"Ils ne passeront pas!" - un AAR français pour Hearts of Iron IV - Épisode 7
L'After Action Report (AAR) consiste à relater de manière plus ou moins ludique et/ou romancée une partie de jeu vidéo, généralement du point de vue du joueur. Il s'agit la plupart du temps de jeux de stratégies, qui s'adaptent le mieux à ce concept.
Celui qui va suivre va raconter en dix épisodes une partie de Hearts of Iron IV à la tête de la république française, jouée avec les mods suivants : Historical German Flag, More Divisions Icons, More Models Images, Non-Reflective Waters, et Strategic View Adjustments. L'Italie, l'Allemagne et le Japon ont chacun reçu un bonus de 12,5% au démarrage de la partie.
Liste des épisodes
Épisode 1 | Épisode 2 | Épisode 3 | Épisode 4 | Épisode 5 | Épisode 6 | Épisode 7 | Épisode 8 | Épisode 9 | Épisode 10
29 janvier 1942
Je dois malheureusement admettre la défaite. Notre offensive lancée au petit matin du 19 janvier n’a abouti qu’à un horrible massacre de l’élite de nos forces blindées. Nous avons dû donner l’ordre ce matin de cesser immédiatement l’attaque des positions allemandes, et de se replier sur les positions défensives de la ligne Maginot.
Nous avons pourtant fait l’impossible pour assurer le plein approvisionnement des divisions devant percer le front allemand et entrer au Luxembourg ; mais la bataille s’est déroulée dans des conditions véritablement épouvantables. Bien que la neige se fasse attendre cette année, les pluies automnales tardives ont transformé le terrain déjà très accidenté en mer de boue, dans lequel blindés et camions se sont embourbés lamentablement, ralentissant notre attaque qui se devait d’être rapide et brutale pour réussir.
Malgré la bravoure des équipages, les nouveaux chasseurs de chars allemands et les positions fortifiées de canons antichars ont véritablement étrillé nos escadrons : nous devons déplorer la perte de près de 400 chars légers et 300 chars lourds B1, détruits ou endommagés trop gravement. Des centaines de camions ont également été détruits ou capturés ; et nous accusons la perte de 21 000 de nos soldats, tués, blessés ou faits prisonniers. Le terrain très accidenté se prêtait extrêmement mal à des manœuvres de blindés, et notre appui aérien n’a pas pu faire pencher la balance.
Les trois généraux ont déjà transmis les ordres ; la nouvelle de l’échec de l’offensive ne tardera pas à se faire connaître. Quelle honte pour nous... et quel gaspillage absurde de vies humaines. Mais comme le disait Clémenceau, il n’y a nulle victoire sans sacrifice. Nos armées blindées vont regagner leurs positions de départ, soigner leurs blessés et reconstituer leurs forces. La prochaine opération d’envergure ne pourra pas avoir lieu avant des mois.
Ca n’est malheureusement pas la seule mauvaise nouvelle que je dois consigner par écrit aujourd’hui : nous avons appris que suite à la mise en échec de nos forces dans les Ardennes, le haut commandement allemand a ordonné une violente contre-offensive en Belgique, pour repousser les forces alliées.
Comme nous avons eu raison de tenir nos positions sur la ligne Maginot ! Sans ça, l’anéantissement nous guetterait. Plusieurs panzerdivisions allemandes ont manœuvré et repris Bruxelles et Namur en l’espace de quelques jours, et pourchassent les contingents belges et britanniques en déroute. Les longues colonnes de soldats épuisés repassent nos lignes au fur et à mesure que les heures s’écoulent. Nous revoilà donc revenus au point de départ.
Une bonne nouvelle vient cependant équilibrer ce cortège de malheurs : aujourd’hui, le Congrès américain a enfin obtenu un vote majoritaire et déclaré la guerre à l’Allemagne ! Les exactions nazies en Europe et la déferlante japonaise dans l’océan Pacifique ont fini par convaincre la majorité des parlementaires. Le président Roosevelt a fait un long discours à la radio américaine, que les presses européennes se sont empressées de retranscrire aux éditions matinale. L’Amérique mobilise ses troupes, et la puissance industrielle de ce pays va être un atout de poids dans cette guerre qui s’annonce longue et épuisante.
11 février 1942
Les Allemands ont déclenché le 5 février une offensive générale sur la ligne Maginot. Les derniers échecs des Alliés ont visiblement enhardi Hitler ! Mal lui en a pris : le bouclier de la France a fait son office : pas une seule de nos casemates lourdement fortifiées n’a été détruite, pas un seul mètre carré de territoire national n’a été concédé à l’ennemi.
Malgré les bombardements de la Luftwaffe et une importante concentration d’artillerie et de blindés ennemis, les troupes du maréchal Gamelin ont repoussé sans difficulté les quarante divisions que les Allemands ont projeté sur la ligne Maginot. Nos batteries d’artillerie lourde ont écrasé les colonnes allemandes sous un feu implacable d’obus de 150 millimètres, et les quelques unités ayant pu parvenir jusqu’à notre première ligne de défenses ont fini impitoyablement massacrées sous le feu des mitrailleuses et des canons antichars.
Les combats ont cessé ce matin : les Allemands battent en retraite la queue entre les jambes, laissant devant la ligne Maginot les carcasses carbonisées de quelques 400 chars moyens, 300 camions, 340 canons, et 37 000 morts ou prisonniers.
Le service de communication du ministère de la Guerre s’est emparé avec joie de la nouvelle et des communiqués du front : tous les journaux du pays clament la défaite écrasante de l’invincible armée teutonne.
Propagande mise à part, j’ai toutefois conscience qu’il faudra beaucoup plus que cela pour défaire l’hydre nazie. Mais cette victoire défensive venge néanmoins nos braves morts pour la France. Maintenant, il nous faut nous remettre au travail pour se doter des forces capables de faire tomber Hitler.
23 février 1942
Hitler doit perdre patience face à l’immobilisme forcé du front face à la France. Nous avons appris il y a trois jours que l’Allemagne, suivie quelques heures plus tard par l’Italie, déclarait la guerre à la Suisse, qui s’était pourtant déclarée neutre dans ce conflit, prétextant un soutien non assumé aux Alliés et donc une transgression de sa déclaration de neutralité.
C’est une nouvelle particulièrement inquiétante pour nous, car si la Suisse venait à être envahie par l’Axe, l’ennemi aurait alors une véritable autoroute pour déboucher directement dans la vallée du Rhône et envahir le territoire national français.
Cependant, les Suisses semblent avoir anticipé cette manœuvre. Le général Henri Guisan, qui dirige les forces de défense locales, a entrepris depuis un bon moment de fortifier lourdement les cols de montagnes qui entourent tout le pays.
La topographie locale, qui rend tout mouvement mécanisé extrêmement pénible, se prête bien à l’établissement de fortifications. Des réseaux de tranchées, de casemates et de positions d’artillerie ont été installés dans toutes les voies d’accès à la Suisse.
Néanmoins, nous ne pouvons nous permettre de laisser les Suisses se défendre seuls : en accord avec le chef du gouvernement, j’ai ordonné une aide militaire d’urgence : 250 camions, 500 canons de campagne, autant de pièces antichar, et plusieurs milliers de fusils. Nous allons également transférer plusieurs groupes de chasse sur les aérodromes suisses pour tenir la Luftwaffe à distance.
27 mai 1942
Nous apprenons aujourd’hui la chute de Pearl Harbor, la plus grande base américaine dans le Pacifique. Il est probable que la récente entrée en guerre des Américains sur le ring ait motivé les Japonais à prendre les devants avant qu’ils n’aient mobilisé trop de moyens, ou peut-être que cette attaque était déjà prévue de longue date. Toujours est-il qu’une immense flotte commandée par l’amiral Nagumo a bombardé par surprise la grande base.
Heureusement, le port était presque dépourvu de navires : la flotte américaine était en manœuvres, loin de l’île. Elle se trouve donc intacte avec ses porte-avions ; mais les troupes Japonaises ont débarqué et conquis la plus grande base navale américaine.
Nos alliés d’outre-Atlantique viennent de perdre leur principale base dans l’océan Pacifique, isolant ainsi l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Il faut espérer que le gouvernement Roosevelt prépare une riposte rapide, sinon les Japonais vont s’emparer de la totalité de cette partie du monde.
30 juillet 1942
Une vingtaine de divisions américaines et autant de Britanniques ont débarqué dans les ports de la Rochelle et de Brest, et vont rejoindre les fronts. Leur aide est appréciée ; néanmoins après l’échec de l’offensive d’hiver et la décimation de nos divisions blindées, cela a exponentiellement augmenté les quantités d’armes, de véhicules et de matériel que nous devons produire, non seulement pour approvisionner les troupes qui combattent à nos frontières mais pour équiper celles qui ont dû être déployées avant la date prévue.
J’œuvre avec mon collègue de l’Économie à un nouveau plan de développement industriel. Il nous faut des cartouches, des chars et des avions ; il nous en faut beaucoup, et il nous en faut vite ! À l’ouvrage !
La suite au prochain épisode...
- Cernunnos Testeur, Rédacteur
- "Messieurs, c'est une plage privée! Je crois que nous dérangeons!" - Un officier britannique sur Sword Beach