Visite d'Ussé : le château de la Belle au bois dormant, en vrai

7 juin 2016 par Akialam | Les escapades d'HistoriaGames

Il était une fois deux visiteurs faisant un tour sur les rives de la Loire, à la découverte de ses nombreux châteaux. Après avoir visité Villandry et ses jardins, Chambord et ses 282 cheminées, Chenonceaux et sa galerie sur les eaux, ils furent surpris par le déluge et se perdirent dans la campagne. Trempés, épuisés, affamés, ils commençaient à perdre espoir. C'est alors que, surgissant de l'épais rideau de pluie, leur apparurent les hautes tours du château d'Ussé.

J'en rajoute ? D'accord, peut-être un peu. Il bruinait. Et nous n'étions pas perdus. Ni épuisés. Mais nous avons eu un vrai coup de coeur pour Ussé, c'est pourquoi je tenais à vous en parler ce mois-ci. Et puis, il fallait bien ça pour vous présenter le château, dit "de la Belle au bois dormant". N'y voyez aucun lien avec Disney, cependant, car sa silhouette n'a pas grand chose à voir avec celle du château de Neuschwanstein qui inspira Walt en son temps. La Belle au bois dormant dont nous parlons ici est celle de Perrault, car on raconte que c'est le château d'Ussé et le donjon qui inspirèrent l'écrivain. Et il ne fut pas le seul homme de lettres à y séjourner, puisque d'autres grands noms de la littérature, comme Voltaire ou Chateaubriand, ont également arpenté ses couloirs.

Mais revenons un peu en arrière : l'histoire du château commence autour de l'an Mil. A l'époque, il s'agit surtout d'une forteresse en bois, construite par un chef Viking répondant au doux nom de Gelduin 1er. Au fil des ans, le bâtiment disparaît, et ce n'est qu'au XVème siècle que Jean V de Bueil, comte de Sancerre, amiral de France et compagnon de Jeanne d'Arc - entre autres - bâtit sur ses fondations une petite forteresse. Enfin, au XVIIème siècle, il devient le château d'agrément que l'on peut voir aujourd'hui, avec des jardins conçus par André Le Nôtre et des terrasses consolidées par Vauban, rien que ça !

Dans son aspect actuel, le château présente trois styles différents et aisément différenciables depuis les jardins : la cour intérieure est moitié gothique, moitié renaissance, et l'ensemble est complété à l'ouest d'un pavillon XVIIème de style classique. Et l'intérieur nous réserve quelques surprises : suivez le guide !

La visite nous amène à la découverte de l'histoire du château, au travers de son mobilier et des ses oeuvres d'art, parmi lesquelles on compte un certain nombre de portraits représentant des souverains français. Rien que de très classique dans la visite d'un bâtiment de ce genre, me direz-vous. Mais ce qui fait une des spécificités d'Ussé, c'est de faire vivre ces salles en y exposant des costumes anciens : ce procédé, qui pourrait sembler superflu, permet pourtant au visiteur d'approcher les lieux de façon plus intime, et de mieux se représenter les hommes et les femmes qui y ont vécu. Et puisque la période exposée est différente chaque année, c'est en 2016 au tour des jupons et des corsets de la belle Époque d'habiter les salons, les chambres et le grand escalier. Je ne me lasse pas d'observer l'élégance de ces toilettes, rehaussées à grand renfort de plumes, de perles, et de dentelles.

Après avoir arpenté les salles du château, il nous reste encore à partir à l'assaut du fameux donjon de la Belle au bois Dormant.

Nous empruntons l'escalier en fredonnant la valse de Tchaïkovski - reprise par Disney - pour déboucher sur le chemin de ronde, d'où nous pouvons admirer un peu mieux les jardins, ainsi que le détail des tours. Là-haut nous attendent Aurore, les fées et le Prince, dans de jolies mises en scène qui raviront probablement les petits puisqu'elles ont su plaire aux grands (enfants).

Enfin, nous découvrons, ébahis, le trésor de cette visite, d'autant plus précieux qu'il était inattendu : le grenier, et son incroyable charpente. Il y a toujours quelque chose d'un peu émouvant à monter dans un grenier. Il y a tout l'imaginaire des jeux d'enfants, de la découverte des objets qu'on y a remisé, parfois le frisson de l'aventure et d'un peu d'interdit. Ici, nous dit-on, c'est un chat qui veille sur les lieux. Et quels lieux ! Si, comme moi, le grenier d'une simple maison vous émerveille déjà, imaginez le frisson qui peut vous parcourir en découvrant celui, beaucoup plus vaste, d'un château qui a traversé les siècles...

L'ambiance a quelque chose d'irréel : outre tout le mystère de l'endroit, il y a ces immenses poutres qui s'entrecroisent, tantôt très hautes, tantôt formant comme une coque de bateau retournée et laissant entrevoir d'autres espaces, plus hauts, où l'on aurait bien envie de grimper - si on n'était pas des grandes personnes bien élevées. Et alors que retentissent les premières notes de la musique de Tchaïkovski - encore lui ! - on se laisse aller à quelques pas de valse : chez la Belle au bois dormant, il y a forcément un peu de magie dans l'air...

Quelques orteils écrasés plus tard - le temps de reprendre nos esprits - nous entamons notre descente vers la terre ferme. Car si notre visite du château est désormais achevée, il reste encore quelques bâtiments plus modestes à explorer : la chapelle, les caves et l'ancien bâtiment des écuries et de la sellerie. Nos pas nous mènent enfin, dans les allées du jardin à la française, où le parfum délicat des orangers - ou citronniers ? - tout juste en fleurs, se mêle à celui, plus entêtant, des lilas plantés en contrebas.

Alors que nous pensions avoir vu les plus beaux châteaux de la Loire - ou en tout cas les plus connus - notre escapade à Ussé nous a réservé de belles surprises. Une visite qui m'a réellement enchantée, et que je ne peux que vous recommander : moins bondé que d'autres sites, à taille humaine et plus intimiste, il est également un sujet idéal pour les visites en famille, avec des enfants assez courageux pour oser se mesurer à la méchante Fée – et aux escaliers du donjon !

  • Akialam Lectrice, spectatrice, visiteuse d'expo et blogueuse !Twitter | Facebook
  • La première et la plus simple émotion découverte par l'esprit humain est la curiosité.Edmund Burke
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