Info sur la série
Titre originalKampen om tungtvannet
SaisonMini-série
Durée6x45 min
GenreGuerre, espionnage, historique
CréateurPer-Olav Sørensen
1ère diffusion4 Janvier 2015 (Norvège)

The Heavy Water War

Llalnohar
29 janvier
2016

Une série sur la Seconde Guerre mondiale est toujours compliquée, non pas que le sujet fût traité de long en large, mais parce qu'il est difficile de passer après Band of Brother qui avait marqué son temps et les esprits.

Synopsis

Oslo, 1932, le scientifique allemand Werner Heisenberg reçoit le prix Nobel de Physique pour ses recherches sur l'atome. 1939, le 3e Reich envahit la Pologne, le jeu des alliances commence, c'est le début de la 2nd Guerre Mondiale. Heisenberg est arrêté par la Gestapo et envoyé sur le front (il est accusé d'être homosexuel). Mais son assistant parvient à le faire libérer et le fait entrer dans le programme scientifique nazi.

En Norvège, la compagnie Norsk Hydro est approchée par la France, l'Allemagne et l'Angleterre pour acquérir sa production d'eau lourde, essentiel pour la maitrise et la production de l'arme atomique. La petite usine de Vemork se retrouve au centre de l'échiquier mondial.

Les français, puis les britanniques et enfin les norvégiens vont s'atteler à détruire l'usine alors que la Wehrmacht va tout faire pour la défendre (tout comme la compagnie propriétaire de l'usine).

Points positif

Cependant, The Heavy Water War n'est pas une production anglo-saxonne, elle nous vient du Nord (non, pas du Pas-de-Calais !), de Norvège pour être plus précis. Et ça c'est une bonne nouvelle, car les séries des pays du Nord sont de très bonnes factures (Real Humans, Lilyhammer, Borgen ou encore Bron) sans parler de leur littérature (Millenium pour ne citer que ce best-seller). De plus, les Norvégiens se sont donnés les moyens de réussir car la série à pour budget 8.7 millions d'€uros (75 millions de couronnes norvégiennes).

Second point positif, au vue de la progression scénaristique et des faits historiques, il semble que nous ayons droit à une série en une seule saison et c'est tant mieux ! Marre de voir des séries qui se rallongent pour des raisons d'audience.

Troisième point positif, la série ne traite pas du sempiternel conflit entre Alliés et Allemand ou Russe et Allemand, mais d'évènements bien moins populaires et pourtant tout autant cruciaux quant au résultat du conflit. En effet, la série parle de ce qui est appelé par les historiens spécialistes du conflit : la Bataille de l'eau lourde.

Cette bataille est en réalité un enchainement de 5 opérations militaires menées par différents pays tout au long du conflit afin de détruire la fameuse usine de Vemork. La première opération est menée par la France (ou plutôt les forces navales françaises libres). C'est une réussite puisque les réserves d'eau lourde (oxyde de deutérium) sont mises en sureté en Angleterre (qui développe également un programme nucléaire). Mais la Norvège est très rapidement envahie par la Wehrmacht et l'usine placée sous la protection de l'armée.

Les Anglais décident alors de lancer une opération de sabotage. En 1942 les opérations Freshman et Grouse sont alors lancées. Quatre Norvégiens sont parachutés avec succès rejoignant un agent local. Malheureusement, deux planeurs remplis de forces spéciales anglaises sont abattus et les survivants sont exécutés.

Commence alors l'opération Gunnerside, menée par les Norvégiens eux-mêmes dès février 1943. Six parachutistes norvégiens sont déposés et, avec l'aide des cinq Norvégiens déjà présents, vont réussir à détruire la salle de production et de stockage.

Malheureusement, les Allemands reconstruisent et reprennent la production, les Anglais décident alors de bombarder ce château de 7 épaisseurs de béton armé. Cette opération est un échec prévisible, la production n'est pas impactée et de nombreux civils perdent la vie.

Février 1944, l'Allemagne est au bord de l'effondrement militaire, et il semble que leur dernier espoir réside dans la bombe atomique. Il décide alors de transférer le stock d'eau lourde de Norvège en Allemagne. C'est à ce moment-là qu'est décidée la dernière opération visant à faire couler le ferry transportant les tonneaux.

Ceci compose également le quatrième point positif de cette série. L'histoire colle à l'Histoire et si, comme expliqué dans une précédente chronique, cela n'est pas une obligation, cela apporte un petit plus non négligeable. Et si deux précédents films ont traités de cette « bataille » : la coproduction franco-norvégienne La Bataille de l'eau lourde (1948), où Jean Dréville et Titus Vibe-Müller reconstruisent soigneusement les faits survenus en 1943, Les Héros de Télémark (1965) de l'Américain Anthony Mann, avec Kirk Douglas et Richard Harris, ces derniers commencent sérieusement à dater (même si le premier m'intéresse).

Cinquième point positif et celui qui m'a le plus marqué et enjoué : des protagonistes qui parlent dans la langue qu'il faut. Ainsi les Allemands parlent allemand, les Norvégiens en norvégien et seul les Anglais parlent anglais. Et ça, c'est une réussite, et c'est un réel plaisir. Je ne sais pas pour vous, mais personnellement, rien de plus rageant que de voir des Africains, des Sud-américains, des Asiatiques parler anglais comme si de rien n'était (je pense notamment à Sense8 des Wachowsky qui fait parler anglais un Allemand, une Coréenne, un Mexicain, une Islandaise, une Indienne,... [cette série est une tuerie au passage]).

Points négatif

Passons aux points négatif, les amateurs de science resteront surement sur leur faim. En effet, la série se concentre d'avantage à mettre en avant les différents points de vue et les différents protagonistes qu'a réellement relaté la course à la bombe nucléaire dans laquelle se sont lancés Allemands, Anglais, Américains et Russes. Pour étancher cette soif, il faudra peut-être passer par la série américaine Manhattan (dont la saison 2 est sortie en VOST).

Second point négatif, si on peut réellement parler de point négatif, un casting un peu plat et qui ne marque pas les esprits. La majorité des actrices et acteurs sont Norvégiens et sont donc inconnus dans nos contrés. Seules têtes à me parler (phrase bizarre non ?), l'actrice anglaise Anna Friel, tête d'affiche d'American Odissey, ou l'acteur allemand Christoph Bach (Carlos) ou le britannique Pip Torrens (Versailles et Danish Girl). Le souci étant que de très nombreux rôles (pas moins de 5/6 rôles majeurs et plus d'une vingtaine de second rôle) sont peu ou pas développés, ce qui génère peu d'attachement.

Troisième point négatif, mais qui là aussi est tout relatif, des paysages assez peu exploités. La série est tournée en Norvège et en République Tchèque pourtant les plans norvégiens (les plus intéressant) sont peu nombreux et peu spectaculaires, on aurait aimé pouvoir s'extasier devant la magnificence de ce pays blanc. Mais après tout, la série s'y prête guère (pour cela regarder La Vie rêvée de Walter Mitty).

En conclusion

The Heavy Water War est une véritable réussite, un scénario solide, des dialogues qui tiennent la route (surtout en langue natale). Malheureusement, il faudra être intéressé par le contexte et/ou le sujet pour passer pas loin de 4h30 devant une série qui n'est pas spectaculaire, accrocheuse et génératrice d'empathie comme le fut Band of Brother. J'ai hâte de savoir qui aura l'audace de diffuser cette série en France (je parie sur Arte) et quels choix feront les producteurs français quant aux traductions !?

  • Llalnohar Le Prof, Ancien membre d'HistoriaGames
  • "Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre." Winston Churchill